Buffer, des pionniers, un cas d’école
Billet du futur #75 : La transparence radicale, l’asynchrone et la semaine de 4j
Bonjour à toutes et à tous,
Cette semaine je vous parle d’une entreprise que je suis depuis des années tant elle est pionnière dans bien des pratiques, et que j’ai eu l’occasion de rencontrer il y a quelques jours.
On va parler de transparence radicale, d’asynchrone et de semaine de 4j, on va parler de Buffer !
Bonne lecture,
Sam
Buffer, des pionniers, un cas d’école
Je suis Buffer depuis un moment, l’entreprise est l’une des plus actives dans la promotion du télétravail et le pratique depuis ses débuts. Elle partage beaucoup de bonnes pratiques sur le sujet et publie chaque année une étude sur l’état du télétravail dans le monde.
Dans Work in Progress (2021), Rodolphe Dutel qui prend la parole en tant que CEO de Remotive.io est aussi l’ex Directeur des Opérations de la start up. Elle compte aujourd’hui une petite centaine d’employés répartis dans 22 pays et propose un outil de gestion des réseaux sociaux.
Je les ai approché pour le documentaire car en matière de rapport au temps ils ont beaucoup à partager, en plus d’avoir été parmi les premiers à créer une vraie culture remote, à maîtriser parfaitement l’asynchrone, ils travaillent depuis près de deux ans maintenant, 4 jours par semaine.
Je me suis rendu aux UK, à Londres d’abord pour rencontrer Juliet, puis à Hastings, au bord de la Manche pour rencontrer Dave, tous les deux travaillent depuis + 7 ans dans la team Customer Care.
Et au-delà de ce que j’étais venu chercher et dont je vais parler aujourd’hui, ils ont apporté beaucoup plus au documentaire que ce que j’imaginais avec des réflexions qui dépassent les innos organisationnelles, des réflexions plus philosophiques sur notre rapport au temps qui seront à coup sûr dans le documentaire.
Transparence radicale
C’est par le biais de la transparence radicale que j’ai découvert Buffer, la start up partage publiquement les salaires de l’ensemble de ses membres et explique la méthode de calcul. Vous pouvez les consulter juste ici, comprendre la formule qui se cache derrière ces gros chiffres typiques des boites tech et même simuler votre salaire en tant que candidat. Celui-ci dépend à la fois de votre poste, du niveau de séniorité et de votre lieu de vie !
Au-delà d’être un objet de curiosité pour le grand public et d’assurer une belle attractivité à l’entreprise, la transparence totale sur la grille de salaire et sa construction permet d’éviter énormément de disparités au sein de l’entreprise. A travail égal, salaire égal (à condition que le niveau du lieu de vie soit similaire) ! Cela permet d’éviter les écarts de rémunération liés à la négociation, à la politique interne, aux biais. Résultat, l’écart de salaire femme-homme est de seulement 0.4% ! Cela n’a pas toujours été le cas, bien qu’il ait toujours été plus faible que la moyenne des autres entreprises, plus d’hommes étaient embauchés sur des métiers mieux rémunérés que de femmes. Buffer explique dans cet article avec quelles mesures, en l’espace de 3 ans ils sont parvenus à une quasi parité.
Au-delà du salaire, la transparence est la valeur cardinale, elle est de mise dans la prise de décision, dans la gouvernance de l’entreprise, dans la communication… Elle complète bien le reste des valeurs : cultiver la positivité, montrer sa gratitude… Ce sont des éléments difficiles à cerner, qui sont moins palpables que la transparence mais qui se ressentent immédiatement dans les contacts avec les différents membres. Pour organiser ce tournage j’ai eu l’occasion d’échanger avec 5 personnes différentes et d’en rencontrer deux, j’ai véritablement ressenti une curiosité sincère pour le projet, l’envie d’aider, l’envie de bien faire, de prendre le temps, d’aller plus loin que ce que je demandais en matière d’implication, et ce n’est vraiment pas le cas partout !
S’il n’y avait qu’une chose à retenir de Buffer, ce serait cette transparence radicale. Il paraît bien illusoire d’aller jusqu’à la publication ouverte des salaires pour tous dans beaucoup d’entreprises, mais sans s’ouvrir à l’extérieur, la transparence interne a déjà du bon. Le fait d’avoir une grille salariale précise et transparente pour tous les membres ainsi qu’une formule de calcule limpide n’a rien de compliqué dans la mise en œuvre et évite déjà bien des inégalités & frustrations.
Full remote
Oui, Buffer est le cliché de la start up qui vend un Saas très rentable et peut se permettre de réinvestir une importante part de ses bénéfices dans un environnement de travail hors du commun.
Les membres peuvent travailler depuis où ils le souhaitent toute l’année, l’accès aux espaces de coworking de leurs choix sont offerts, chaque année les offsites leur permettent de se réunir tous ensemble ou par petits groupes de temps en temps…
Pour en arriver là, Buffer a dès le départ misé sur une organisation à distance, avec une très forte culture de l’écrit. La qualité d’expression à l’écrit est un des critères de recrutement, les processus de l’entreprise sont rassemblés dans un handbook qui décrit la culture et le fonctionnement de l’organisation. Une grande partie est d’ailleurs disponible pour tous sur ce blog. Le fonctionnement par défaut est l’asynchrone, les membres se retrouvent de temps en temps sur quelques moments de réunion, mais avancent chacun à leur rythme, une organisation imposée par le nombre de fuseaux horaires représentés et de rythmes différents.
Cette organisation fonctionne si bien depuis des années parce qu’en face de la flexibilité, les membres ont une communication bien huilée, parfois presque trop poussée où tout est dit, explicité, écrit et une forme de bienveillance dans chaque approche qui permet des relations fluides y compris à distance. Et comme toute entreprise en full remote, la distance n’empêche pas des liens solides de se créer lors des différents temps forts pour rassembler les équipes pour des moments intenses !
La semaine de 4 jours
La semaine de 4 jours a été mise en place au tout début de la pandémie, d’abord de façon temporaire par la direction de l’entreprise, d’abord pour soulager les membres dans un moment de stress général. L’idée était simplement de laisser à chacun plus de temps libre pour que le travail ne devienne pas une source de stress supplémentaire pendant cette période inédite de confinement. Au bout de quelques mois, en faisant le bilan de la période, les membres se sont rendus compte qu’ils se sentaient en meilleure forme et que la productivité n’avait pas baissé. Autrement dit, ils arrivaient à faire en 4 jours ce qu’ils faisaient avant en 5 jours. Ils ont alors choisi de rendre la semaine de 4 jours définitive !
Juliet me confiait qu’au départ, elle ressentait une forme d’anxiété vis-à-vis de cette nouvelle organisation, elle n’était pas certaine d’être en mesure de tenir les mêmes objectifs qu’auparavant. En réalité, une meilleure organisation, priorisation, suppression des temps souvent inutiles de réunion a permis en quelques semaines de trouver un nouveau rythme qui convient à tous ! C’est l’un des vrais avantages de la semaine de 4j, au-delà d’offrir une journée de repos en plus, elle permet de designer une nouvelle organisation, de repenser plus largement les processus pour gagner en efficacité et recouvrer le contrôle de son temps. Aujourd’hui ils auraient du mal à s’en passer, Umber une des membres raconte dans cet article leur fonctionnement.
Nous avons eu bien d’autres discussions avec Juliet & Dave que vous découvrirez dans le documentaire, d’ici-là je ne peux que vous inviter à creuser les pratiques de Buffer qui sont souvent un bon point de départ pour s’inspirer avant de mener des transfos.
News 🔥
Après deux semaines à Lyon, je reprends la route aujourd’hui pour la suite des tournages, je serai ce soir du côté des Pays-Bas. Demain j’interview à nouveau Patagonia, cette fois-ci au siège européen, puis j’irai à Almelo découvrir une organisation fascinante dont je garde encore le suspens sur l’identité. La meilleure façon de suivre les coulisses du documentaire est de se rendre sur l’Instagram de Work in Progress ou le mien.
J’étais à Chamonix le week-end dernier, l’occasion de revoir Peter, toujours aussi passionné par la confection de ses skis en bois. Je vous partage à nouveau le meilleur moment du tournage de Why do we even work? à ses côtés avec cette courte vidéo du test des skis en bois !
Pour mon nouvel article Welcome to the Jungle France, j’ai discuté avec Noémie Aubron de design fiction. Elle rédige chaque semaine de courts textes pour explorer l’avenir d’un métier, d’un secteur ou bien d’un comportement et nous embarque dans des récits captivants. Futurs du travail: « Tout le monde peut utiliser le design fiction pour se projeter »
Envi lance sa communauté pour les entrepreneurs, j’ai le plaisir d’aider le projet à se construire depuis quelques mois avec une team de folie ! On vous présente demain la grande famille, les barbaboost, sessions de pitchs et autres pour que vous nous rejoigniez !
Le prochain café freelance aura lieu le 25 novembre, par ici pour s’inscrire ! On parlera des meilleures façons de placer son argent et je tiendrai une chronique sur les entreprises étendues !
Et si vous aviez raté le Vlog des premiers tournages, il est ici !
J’ai profité de ces deux semaines à la maison pour écrire, faire du montage, beaucoup de tennis et préparer de nouveaux projets qui arrivent tout début 2023, rien à voir avec les documentaires, mais on va s’éclater ! Le dévoilement et les invitations arrivent bientôt.
Corner WIP
Vous n’avez pas eu votre dose de Work in Progress ? Passons une heure de plus ensemble. 🤗
Visionnez mon premier documentaire, Work in Progress (2021)
Visionnez mon deuxième documentaire, Why do we even work? (2022)
Lisez la Bande Dessinée Et si on travaillait autrement ? (2022)
Et surtout écrivez-moi vos retours, ils sont précieux pour la préparation des prochains projets.
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Bonne journée ! 🌞
Merci beaucoup pour cet article plein d'enseignements, j'ai une folle envie de lire tous les articles du blog de Buffer grâce à toi;)