Bonjour à toutes et à tous ! Il y a quelques jours, nous avons commencé avec KÖM à travailler sur la post-production de Work in Progress. Concrètement, nous commençons à construire la structure du documentaire en sélectionnant les séquences que nous souhaitons conserver parmi les heures d’interviews enregistrées.
Depuis deux semaines, j’ai remplacé mes moments Netflix par le visionnage des interviews pour en être totalement imprégné et après des dizaines de fois à appuyer sur “replay”, je suis toujours autant bluffé par la qualité des témoignages des différents speakers. J’ai d’ailleurs choisi de vous parler aujourd’hui de la dernière interview que nous avons tournée à Berlin avec Joriam Ramos puisque son métier est la quintessence du Future of Work.
Bonne lecture,
Sam
Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?
“Waouh, c’est génial, mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?” est une réaction normale lorsque l’on découvre Enspiral. Même après que Joriam m’ait expliqué plusieurs fois ce qu’était Enspiral, je n’étais toujours pas certain d’avoir bien compris.
Alors j’ai tapé “Enspiral” dans YouTube et je suis tombé sur une vidéo intitulée “What is this thing called Enspiral?” contenant plein de témoignages de membres définissant chacun Enspiral. Ça ne m’a pas aidé, bien au contraire, puisque chacun avait sa propre définition ! Et c’est justement ça qui fait la singularité d’Enspiral, il est impossible de l’enfermer dans une case car tous les membres ne rejoignent pas la communauté pour les mêmes raisons, et leurs objectifs et projets évoluent constamment.
Enspiral est une communauté créée il y a une dizaine d’années en Nouvelle-Zélande par Joshua Vial. Il a réuni auprès de lui des personnes qui accordaient la même valeur à la notion de sens dans ses actions et de générosité, résumée par le slogan :
“More people working on stuff that matters.”
Concrètement, au tout départ il s’agissait de freelances, principalement sur des métiers tech, qui avaient envie d’être reliés par quelque chose de plus fort que de simples collaborations de temps en temps.
Au fil des années, le réseau s’est très largement élargi, rassemblant jusqu’à plusieurs centaines de personnes, et ne se cantonnant plus à la Nouvelle-Zélande mais au monde entier désormais, avec différents groupes de travail ! Dans le même temps, Enspiral en a profité pour tester et propulser différentes initiatives de toutes sortes : il y a eu des entreprises, des outils développés en interne, des innovations en termes de gouvernance pour décentraliser le leadership, et surtout des grands rassemblements.
Le plus significatif d’entre eux a certainement été le Summerfest en 2017, pour reprendre les mots de Joriam à ce sujet : “Il se passe quelque chose de magique, je n’ai participé qu’à l’un d’entre eux, mais je l’ai ressenti!” Un mélange d’ateliers sur des sujets variés, des discussions profondes entre membres, des itérations pour améliorer le fonctionnement de la communauté et proposer de nouveaux objectifs et beaucoup de temps d’échanges informels. En bref, une bonne dose d'amitiés créées.
Lorsque Joriam m’expliquait ce qu’était Enspiral, il parlait d’une communauté, d’un réseau puis finalement m’a confié que le terme qui serait le plus juste serait “business family”. Enspiral rassemble des personnes complètement différentes, qui vivent aux quatre coins du monde et travaillent dans des univers éloignés les uns des autres, on est loin des freelances techs du départ.
Pour certains, Enspiral est un réseau de collaborations professionnelles, les membres se rencontrent, s’associent et développent une entreprise ensemble. Pour d’autres, il s’agit d’une communauté avec laquelle ils interagissent de temps en temps, ils donnent de leur temps de façon bénévole sur un projet qui leur tient à cœur.
Enspiral a par exemple créé la Dev Academy, un cursus de 15 semaines pour apprendre le développement web et accompagne ainsi des changements de carrière.
Ils ont aussi développé un outil très intéressant, d’abord pour les besoins internes de la communauté. Il est aujourd’hui commercialisé partout dans le monde, il s’agit de Loomio. L’outil permet de prendre des décisions en groupe, à distance et de façon asynchrone. Quelques idées d’usages : sélectionner une date et un horaire commun à plusieurs, évaluer une proposition en prenant en compte les retours de chacun, prioriser différentes tâches… Plutôt utile pour collaborer à distance !
Pour d’autres membres, Enspiral n’a rien de professionnel, ils font partie du réseau et participent à ses événements parce qu’ils apprécient simplement la vision qui est portée.
C’est cette variété des rapports à la communauté que je trouve formidable, il n’y a pas une seule façon de se comporter, la communauté n’a pas un but précis. Parfois les échanges sont nombreux, réguliers et beaucoup de temps peut être investi dans le développement de projets et de relations, à d’autres moments les liens se distendent, les rassemblements se font plus rares, mais toujours ils se reforment et la communauté se réinvente. Il est rare d’observer une telle longévité parmi les communautés.
Au sein d’Enspiral, Joriam a un rôle tout à fait particulier, il est Catalyst. C’est l’une des rares personnes payées par la communauté pour la développer (ils sont 2). Il décrit son poste ainsi :
"On m’a donné quelques macro-énergies, quelques missions très vagues, comme présenter de nouveaux membres à notre réseau ou prendre soin de nos connaissances pour que ce qui est produit ne soit pas perdu et prendre soin de l'espace relationnel. Tout ceci, dans un but de résolution de conflit mais aussi pour faire en sorte qu’il y ait de bonnes vibes et que l’on se sente bien dans le réseau. A partir de ça, je peux faire tout ce que je sens que je peux faire. C'est un rôle qui demande de créer ses propres tâches, sa propre responsabilité, ses propres projets. En gros, à partir de mes compétences je peux faire tout ce que je sais faire de mieux dans le cadre de ces indications très vagues".
En fin d’interview, j’ai demandé à Joriam comment il imaginait l’avenir du travail, il s’est lancé dans une magnifique envolée lyrique dont je vous laisse découvrir une bribe ci-dessous. Elle sera à vivre plus intensément encore et en anglais dans le documentaire.
"Et si le lieu de travail, le lieu de production, était aussi le lieu de l’attachement, de la confiance, du sens. Et si vous alliez travailler en réalisant le rêve d’entretenir les conversations les plus intéressantes de votre vie ? Et si les personnes qui se trouvent dans votre espace de travail étaient exactement celles que vous vouliez voir en dehors de votre espace de travail ? Et si inviter votre patron à votre fête d'anniversaire n'était pas une obligation mais un plaisir ? C'est ce que je vis, c'est un tel cadeau que je souhaite à tout le monde de le vivre aussi, même pour une journée".
Au-delà des mots justes, de la vision résolument positive du travail et du sourire qu’elle plaque instantanément sur le visage de ceux qui l’écoutent, cette tirade pose la question du rapport que nous entretenons entre notre vie privée et notre vie professionnelle.
Faut-il séparer la vie professionnelle de la vie personnelle ? Évidemment il faut savoir couper un minimum et avoir une séparation franche afin d’avoir des moments qui sont consacrés à soi-même, à ses relations sociales, amoureuses, et familiales, sur ce sujet nous sommes tous d’accord.
En revanche, à partir du moment où nous prenons du plaisir dans le travail, pourquoi vouloir le séparer plus que nécessaire de sa vie personnelle ? Les dichotomies semaines-week-end, et année-vacances ne sont que des conventions, nous n’avons en réalité qu’une vie. Une petite partie de celle-ci dédiée au plaisir ne doit pas être là pour contrebalancer l’autre partie, plus longue, qui serait simplement source de souffrance ou d’ennui.
Je serais bien incapable de dire combien de temps je travaille, les activités qui occupent mes journées et me permettent de gagner de l’argent sont considérées comme du travail mais je m’y amuse autant que dans mes loisirs. Bien sûr certaines tâches sont désagréables et je m’en passerais bien, ce n’est pas tout beau tout rose à longueur de journée, mais au moment d’aller me coucher si je fais le bilan, je suis généralement content de la journée passée et j’ai hâte d’être le lendemain pour recommencer. La plupart des personnes avec lesquelles j’interagis en semaine sont aussi des amis que j’ai envie de voir le week-end, et si un jour j’ai un patron, j’espère bien qu’il sera invité à mon anniversaire par plaisir et non par contrainte.
Le mélange de la vie privée et de la vie professionnelle n’est pas malsain tant qu’il est délibérément souhaité. Au contraire c’est plutôt bon signe ! Les artistes n’obéissent pas au rythme traditionnel dicté par des conventions mais au rythme de leur corps et de leurs envies, si vous vous retrouvez à tout mélanger, c’est peut-être le signe que vous traitez votre travail comme une œuvre.
Aiguisez votre regard sur le sujet 👀
Deux membres ont décidé d’écrire un rapport sur l’impact du réseau Enspiral.
Une dizaine de membres ont publié ensemble le livre Better Work Together.
Le handbook qui rassemble les informations sur le fonctionnement d’Enspiral est accessible en ligne.
Sur le sujet de la séparation pro/perso dans le travail, j’ai écrit en septembre une tribune dans Maddyness : Comment calculer le temps de travail à l’heure où la définition même de celui-ci est en train de changer ?
News 🔥
Sur la chaîne YouTube de Work in Progress, nous avons publié l’interview de Hind Elidrissi, fondatrice du syndicat Indépendants.co. Hind partage LA question à se poser pour savoir si son travail a du sens et partage la vision derrière la création d’un tel mouvement, les enjeux et un tas d’anecdotes géniales.
J’ai reçu le livre de mon ami Albert Cañigueral, “El trabajo ya no es lo que era”. Cela faisait des années que je n’avais pas lu en espagnol, certainement depuis la prépa et je m’amuse à découvrir l’équivalent des termes sur le travail que j’ai l’habitude de lire en français ou en anglais. Si vous comprenez l’espagnol je vous le recommande chaudement, Albert dresse un très bon tableau des évolutions du travail au cours des 20-30 dernières années qu’il met en perspective avec la crise que nous traversons et l’accélération des tendances préexistantes.
Récemment, j’ai aimé lire l’article de Ben Issenmann sur les Tiny Products et j’ai hâte de découvrir ce que préparent Tiago & Julien dans leur nouvelle newsletter Change for the better.
Documentaire 🎥
Je vous le disais en intro, la semaine passée, nous nous sommes enfermés pendant deux jours avec Florent et Guillaume de KÖM pour démarrer la post-production et sélectionner les séquences que nous souhaitons garder dans le documentaire, construire un teaser, préparer la voix off…
Il nous reste encore deux tournages mais l’essentiel du travail va désormais se passer sur ordinateur et je suis super fan de ce moment. C’est là que toute la valeur ajoutée est créée, c’est là que l’on transforme 9 interviews en une seule vidéo fluide et construite avec des variations d’émotions, des accélérations, des temps plus lents …
La plupart du travail se fait à distance mais nous avons besoin de nous retrouver sur les moments clés de la sélection, alors quelques passages à Paris sont prévus. Nous allons aussi profiter de décembre pour essayer de mettre dans la boîte les dernières images dont nous aurons besoin, quelques déplacements viennent égayer le confinement.
L’équipe de KÖM qui réalise le documentaire est aussi excellente pour mettre en avant des marques, des produits, des services, si jamais vous avez besoin d’une vidéo, foncez chez eux, vous ne le regretterez pas. Ils ajoutent “la touche KÖM”, ce je ne sais quoi inexplicable qui rend les vidéos trop cools. D’ailleurs on sort notre prochain Vlog qui revient sur nos trois derniers tournages très très bientôt, restez à l'affût en vous abonnant à notre chaîne YouTube.
En parallèle de cette post-production, je travaille sur la sortie du documentaire qui sera bien sûr disponible en ligne, mais surtout au cours d’une série d’avant-premières en France et en Europe, le but est de créer les événements Future of Work de l’année. Vous serez les premiers au courant du programme dès janvier ! En attendant vous pouvez aller vous balader sur le site de Work in Progress.
Work in Progress est un documentaire soutenu par SThree, Randstad, Le MAIF Start up Club, Natixis, comet et LittleBig Connection.
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Bonne journée ! 🌞