Bonjour à toutes et à tous !
Il y a une dizaine de jours, j’ai eu le plaisir d’interviewer pour Work in Progress, une personne que j’admire énormément et qui a forgé ma vision du travail : David Heinemeier Hansson, a.k.a. DHH.
Cela fait près d’une vingtaine d’années que l’entreprise dont il est le cofondateur, Basecamp, vit, teste et diffuse ce que l’on appelle le Future of Work.
Ce qui est génial avec toutes ces sociétés qui sont en avance sur leur temps, c’est qu’elles partagent massivement leurs apprentissages. Je vous propose aujourd’hui de (re)découvrir certaines leçons de Basecamp, partagées par David dans divers podcasts, best-sellers, blogs et notre entretien.
Bonne lecture,
Sam
Un moteur
“Ils font n’importe quoi, ce n’est ni bon pour l’entreprise, ni bon pour les employés! Si un jour j’ai l’opportunité de décider, on fera les choses différemment.” DHH
Après quelques expériences en salariat, très jeune, David se rend compte d’un tas de dysfonctionnements en entreprises, des mauvaises décisions, de mauvais traitements qu’il a du mal à comprendre et face auxquels il est impuissant. Il se dit que s’il a un jour la possibilité de décider comment se prennent les décisions d’une entreprise, il y aurait quelques changements. Encore aujourd’hui, il garde en mémoire ces souvenirs qui sont un moteur pour inventer de nouvelles façons de travailler.
Très rapidement il sort de ce système et rencontre sur internet Jason Fried qui écrivait le blog Signal vs Noise, les deux échangent une série d’emails puis finissent par décider de s’associer pour créer 37Signals qui deviendra ensuite Basecamp. A ce moment-là, David et Jason ne se sont encore jamais rencontrés et vivent à des milliers de kilomètres, avec un décalage horaire de 7h !
Une vision radicalement différente de l’entreprise
Dès le départ, Basecamp a été une entreprise pensée pour fonctionner à distance, encore aujourd’hui ses fondateurs ne se voient que deux ou trois fois par an au maximum. Jason vit à Chicago et David à Copenhague.
Basecamp rassemble aujourd’hui une soixantaine de personnes et le taux de turnover est 5 fois plus faible que la moyenne aux Etats-Unis. Les équipes, dispersées partout autour du globe, se rassemblent deux fois par an pour une petite semaine. Dans ces moments-là, il n’y a rien à l’ordre du jour, rien à produire, il s’agit simplement de temps de discussions, de rencontres, de bons moments partagés : repas, jeux de sociétés ... C’est l’occasion de recharger les batteries émotionnelles, de se rappeler que les personnes avec lesquelles ils échangent le reste de l’année sont bien présentes, existent aussi en chair et en os et sont motivées.
Pour David, le fait de rejoindre une entreprise plutôt qu’une autre ne dépend pas du salaire. L’idée d’une personne dont les choix sont économiquement rationnels n’existe pas. Pour que ce ne soit pas un frein au recrutement mais que ce soit plutôt la mission qui motive une personne à rejoindre Basecamp, en matière de salaire, l’entreprise se positionne dans le top 10% des employeurs de son industrie avec une grille indexée sur les salaires de San Francisco. Il s’agit du niveau le plus élevé des Etats-Unis, et ils ont fixé un minimum de 75k$/an. Pour autant, personne dans l’entreprise ne vit à SF, peu importe où se trouvent les salariés, ils sont payés de la même façon que s’ils résidaient en Californie.
Au-delà du salaire, l’entreprise a développé une série d’avantages pour s’assurer que chacun des membres évolue dans un cadre idéal tant professionnellement que personnellement :
Chaque année, les employés ont droit à 18 jours de congé payés + 10 jours fériés. Par ailleurs, tous les trois ans, ils sont encouragés à prendre 30 jours de congés payés en plus. S’ils sont malades, ils n’ont pas besoin de prendre un jour ou deux, ils préviennent simplement leur équipe et se reposent ! Si le problème est plus sérieux, Basecamp prend en charge 4 semaines d'indemnités journalières à 100% puis 70% pendant 12 semaines.
Du 1er mai au 31 août, Basecamp passe à la semaine de 4 jours pour que tout le monde puisse profiter de son été.
Chaque mois, Basecamp verse à chacun de ses salariés jusqu’à 100$ à dépenser dans des salles de sport, du yoga ou n’importe quel abonnement ou cours de sport.
Chaque mois, Basecamp verse à chacun de ses salariés jusqu’à 100$ à dépenser pour sa santé mentale et son bien être : massages, thérapies, relaxation …
Chaque année, Basecamp verse à chacun de ses salariés jusqu’à 1000$ à dépenser dans des CSA (Community Supported Agriculture) pour que vous ayez toujours des légumes et fruits frais à portée de main.
Tous les trois ans, Basecamp verse à chacun de ses salariés jusqu’à 1000$ à dépenser dans des fournitures de bureau pour que l’équipement en télétravail soit optimal !
Chaque mois, Basecamp verse à chacun de ses salariés jusqu’à 200$ à dépenser dans des espaces de coworking.
La liste est encore longue, travailler à Basecamp comporte de nombreux autres avantages qui sont tous détaillés dans leur Handbook, complètement transparent et accessible en ligne.
A distance, la communication se passe bien plus à l’écrit qu’en visioconférence. La plupart des entreprises full remote ne passent pas leur journée sur Zoom ou un équivalent, elles ont appris à fonctionner à partir d’une communication asynchrone. Pour travailler chez Basecamp, il est essentiel de bien savoir s’exprimer à l’écrit, peu importe le poste.
Toutes les communications au sein de l’entreprise Basecamp ont lieu sur l’un des outils créés en interne. En plus de leur handbook, les membres de Basecamp ont rédigé plusieurs guides, l’un d’entre-eux se concentre sur la communication à distance.
Jason et David sont aussi très disponibles, à la fois pour leur équipe et pour des personnes en dehors de l’entreprise, leurs emails sont facilement accessibles, là aussi ils utilisent l’un de leurs produits, HEY.
Un laboratoire
David m’a présenté Basecamp comme un laboratoire. Ce fonctionnement atypique de Basecamp ne s’est pas construit en une semaine, cela fait près d’une vingtaine d’années que l’entreprise teste des idées, des outils, des processus. Lorsqu’ils ne fonctionnent pas, ils sont abandonnés et lorsqu’ils fonctionnent, non seulement ils sont développés mais surtout ils communiquent largement sur leur succès !
Basecamp partage avec beaucoup de transparence tous les apprentissages de ses membres dont leurs différentes innovations managériales.
L’impact que souhaite avoir David dépasse les 60 personnes avec lesquelles il collabore chaque jour, au fil des années il a touché des millions de personnes grâce aux petites graines qu’il a planté dans le cerveau de son audience.
Jason et David ont écrit plusieurs best-sellers qui se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires chacun ! Ce sont des guides pratiques pour partager leur vision et les étapes concrètes pour parvenir à mettre en place ces bonnes pratiques qui fonctionnent depuis près de 20 ans.
Ils participent tous les deux à énormément de podcasts, répondent à des interviews, sont très actifs sur les réseaux … Basecamp produit aussi le podcast REWORK : “A podcast about a better way to work and run your business”
“The Future is already here, it’s just not very evenly distributed” William Gibson
Cette citation prend tout son sens dans le cas de Basecamp qui vit dans ce que nous appelons le Future of Work depuis des années déjà.
Il n’y a pas que le travail dans la vie
David insiste sur l’importance de déconnecter, de dormir 8h par nuit. Rester tard en ligne, travailler plus que la norme n’est pas le signe de quelqu’un qui en fait plus que les autres mais quelqu’un qui s’organise mal, qui est inefficace !
Au-delà de Basecamp, David est aussi pilote de rallye, il a participé plusieurs fois aux 24h du Mans !
David est également l’inventeur du framework Rails qu’il a écrit en 2004 ! Si le développement ne vous dit rien, sachez seulement que Twitter, Airbnb et Groupon ont notamment fait le choix de développer leurs sites à partir de ce framework !
Bref, David a un parcours hors-norme et il reste vraiment accessible, chaleureux et généreux ! Vous vous en doutez, j’ai passé une heure exceptionnelle à échanger avec lui, le sourire jusqu’aux oreilles scotché pour le reste de la journée.
Son interview, comme celle des 8 autres speakers sera à découvrir dans Work in Progress qui sortira dans quelques semaines.
Aiguisez votre regard sur le sujet 👀
Je vous invite vraiment à lire un ou deux des livres co-écrits par David, ils se lisent très rapidement, sont truffés de conseils pratiques que vous pourrez mettre en place à l’échelle de votre entreprise ou dans votre routine personnelle.
L’excellent Tim Ferriss a interviewé DHH pour un podcast de 3h30 ! Si vous avez un long trajet devant vous, cet épisode est le compagnon idéal ! Personnellement je l’ai écouté par petits bouts sur une semaine, c’était aussi très bien, les sujets sont extrêmement variés.
DHH est aussi connu pour son franc-parler et s’il y a bien un réseau pour le laisser s’exprimer c’est Twitter.
News 🔥
Si la flexibilité de Basecamp vous intrigue, celle en vigueur chez Gumroad risque de pousser encore un peu plus loin ! Dans cet article, son fondateur Sahil revient sur son histoire et son fonctionnement pour le moins atypique.
Catherine Barba se lance dans un nouveau projet pour les indépendants et nous avons cosigné cette tribune pour annoncer la couleur avec Laetitia Vitaud, Hind Elidrissi, Alexandre Dana, Anaïs Prétot et Augustin Paluel-Marmont.
J’avais adoré le livre Travail, la soif de liberté de Denis Pennel j’ai commencé à lire son tout dernier ouvrage Le paradis du consommateur est devenu l’enfer du travailleur ! Denis est absolument à suivre, et il se pourrait bien que l’on prépare quelque chose ensemble à Bruxelles dans peu de temps.
Documentaire 🎥
En ce moment, je travaille en flux tendu, les tournages de Work in Progress sont terminés, nous donnons tout sur la post-production !
La première étape a été de sélectionner les parties des interviews qui nous plaisaient, celles qui s'enchaînent bien pour suivre notre fil rouge puis les assembler les unes avec les autres. La voix off vient compléter et lier les prises de paroles, en ce moment je suis en train de la peaufiner avant de l’enregistrer dans quelques jours. En parallèle il faut travailler sur le motion design puis une fois que cette partie édito sera terminée (90% du travail est fait!) il restera la technique pour travailler les images, illustrer les interviews, insérer de l’archive, travailler sur le mix son … Je découvre énormément d’aspects de la réalisation et passe deux ou trois jours par semaine à Paris pour travailler sur ce projet, je m’éclate !
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Work in Progress est un documentaire soutenu par SThree, Randstad, Le MAIF Start up Club, Natixis, comet et LittleBig Connection.
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Bonne journée ! 🌞