S’il y a bien un moment où nous nous rassemblons et nous partageons avec nos pairs, c’est la période des fêtes de fin d’année qui s’ouvre devant nous.
Pour cette troisième édition du billet du futur, je me suis penché sur le rôle des collectifs.
Bonne lecture !
Samuel
Le parrain du futur
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De l’individu au collectif
Que s’est-il passé en 2007 ? 🌇
Le nombre de personnes vivant en ville a dépassé le nombre de personnes vivant à la campagne au niveau mondial et ce phénomène d’urbanisation continue de progresser.
La ville, lieu de toutes les opportunités, engendre aussi des effets néfastes comme le phénomène d’individualisation définit comme l’affirmation de niveau individuel par rapport au niveau de groupe.
Les regroupements massifs dans les villes ont créé une forme de malaise, la ville ne parvient pas à donner du sens. Là où dans les campagnes régnait une forte solidarité entre les individus, ces liens ont disparu dans les villes. Il suffit de prendre le métro ou d’habiter quelques mois en ville pour réaliser la superficialité des relations avec ses voisins.
Les technologies ont renforcé ces tendances à la solitude à tel point que l’on en parle comme d’une épidémie dans de nombreux pays.
Cette hyper individualisation peut également se lire dans les transformations du travail : montée en puissance de la personne en tant qu’individu dans son travail : freelances, intrapreneurs, entrepreneurs. L’entreprise n’est plus un lieu de solidarité forte, les taux croissants de turnover révèlent un plus faible attachement à l’entreprise et ses valeurs qu’auparavant, au profit de l’individu et de sa carrière.
Plus l’indépendance semble devenir la norme dans le travail, plus les individus s’organisent en groupe, collectifs, communautés afin de retrouver une forme de solidarité. Il n’y aucune forme ou règle prédéfinie, il existe autant de collectifs qu’il y a d’individus, un véritable avantage puisque chacun est capable de créer ou de rejoindre celui qui lui convient le mieux.
Pourquoi rejoindre un collectif ?
Le travail de demain sera composé de nombreuses communautés de toutes formes, tailles et buts qui se complètent et permettent aux individus de créer de nouvelles relations.
Rejoindre un collectif c’est avant tout rejoindre des personnes qui partagent les mêmes valeurs, la même vision et les mêmes objectifs. Ils mettent en relation des personnes qui se comprennent, s’entraident et sont confrontés aux mêmes problématiques. C’est d’autant plus important pour les indépendants, souvent seuls dans leur travail et parfois leur quotidien mais les collectifs ne leurs sont pas réservés.
Pour certains, travailler de temps en temps avec d’autres freelances, rejoindre un espace de coworking ne suffit pas. S’ils aiment la liberté que leur offre leur statut d’indépendant, ils souhaitent travailler en équipe et avancer sur des projets communs. Les collectifs semblent alors être la solution toute désignée puisqu’il permet au freelance d’accéder à des missions de plus grande envergure sur lesquelles il ne pourrait pas travailler seul. Grâce à plusieurs profils complémentaires, le collectif peut répondre à une palette plus large de besoins de la part des clients. De plus en associant les réseaux de chacun, les freelances sont plus susceptibles de trouver des missions qu’en étant seuls responsables de leur développement d’activité.
Au-delà de l’activité, rejoindre un collectif c’est rejoindre un nouveau cercle social, des amis, c’est d’autant plus important à l’heure où se brouille la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle. Au sein du collectif Alqemist, les membres se connaissent pour certains depuis des années, ont été témoins aux mariages les uns des autres.
Les collectifs ne sont pas nouveaux, ils ont existé de différentes façons dans l’histoire mais apparaissent aujourd’hui comme essentiels dans nos sociétés afin de recréer des liens qui se sont étiolés.
Des collectifs à géométrie variable
Le collectif peut se créer autour d’un produit. C’est dans l’intérêt d’une marque que ses clients se rassemblent puisqu’ils créent leurs liens autour de l’attachement à un produit. C’est par exemple le cas de Wemind qui a su fédérer en quelques mois des milliers de personnes autour de ses produits d’assurances et mutuelles. L’entreprise ne se contente pas de proposer ses offres mais s’engage également à organiser des rencontres entre les membres pour leur permettre de créer des liens. Ces rencontres débouchent sur de l'entraide informelle, des amitiés et parfois des collaborations !
La plateforme Toptal fait de même en apportant bien plus que des simples missions aux freelances inscrits : événements, mentoring, contenus, formations …
Parfois le collectif émerge autour d’un lieu, c’est la problématique des espaces de coworking. Comment transformer un groupe de personnes qui travaillent au même endroit en une communauté soudée ? (nous y reviendrons dans un prochain billet).
Le collectif Ouishare, lui, s’est construit autour d’une vision commune, une utopie : créer un réseau de pairs, une organisation horizontale et faire advenir une société plus ouverte et collaborative.
Malheureusement comme dans tous groupes, le paradoxe d’Olson s’applique également aux collectifs et certains individus peuvent être tentés d’agir en passager clandestin. Il est essentiel de s’assurer que l’engagement des membres est suffisant et il est parfois difficile de s’en rendre compte rapidement lorsque chacun travaille à distance. C’est la raison invoquée par les cofondateurs de Mangrove lorsqu’ils expliquent pourquoi ils ont décidé de mettre fin à leur aventure.
Ouishare a résolu le problème en créant plusieurs niveaux d’intégration en fonction de l’implication des membres : les connectors, les membres et les “amis”. Tous partagent les mêmes valeurs mais ne s’impliquent pas de la même façon. La communauté néozélandaise Enspiral qui existe depuis presque une dizaine d’année a elle aussi fait le choix de créer plusieurs niveaux d’intégration et sa longévité semble témoigner du succès d’un tel choix.
Enfin, le collectif peut se former autour d’un métier avec des travailleurs qui se rassemblent pour partager leurs bonnes pratiques, leurs expériences ou autour de programmes de mentoring pour monter en compétence. Voyons-le comme le renouveau des corporations sous des formes bien plus souples. Colbert doit se retourner dans sa tombe !
Lors de mon passage à New-York j’ai rencontré une communauté dont le développement m’a beaucoup impressionné : Freelancing Females. A l’origine, Tia, freelance en social media qui a souhaité partager avec quelques amies freelances ses problèmes du quotidien. Très vite beaucoup d’autres femmes freelances se sont reconnues dans les problématiques évoquées et le petit groupe a pris de l’ampleur pour devenir une véritable communauté de milliers de freelances à travers le monde. Aujourd’hui Tia anime à plein temps cette communauté.
Les bonnes pratiques pour créer un collectif
Si les formes et les tailles sont bien différentes, les collectifs se retrouvent très vite confrontés aux mêmes problématiques. J’ai discuté avec une dizaine d’entre eux pour répertorier ces bonnes pratiques.
Au départ il y a les valeurs, tout comme une entreprise définit sa culture, il faut que les membres du collectif soient d’accord sur des valeurs communes. Elles transparaissent ensuite dans le fonctionnement du collectif et dans les interactions des membres. Ensuite il faut définir clairement certaines règles auxquelles les membres peuvent se référer et en ajouter au fur et à mesure du développement et des nouvelles situations. Ces règles permettent alors de guider les comportements de chacun des membres. Elles peuvent décrire la façon dont une nouvelle personne rejoint le collectif, le système de rétribution en cas d’apport d’affaires ou encore la fréquence à laquelle le collectif se réunit.
Le recrutement est une étape clé, il faut alors faire attention à ce que les personnes arrivent avec une attitude « que puis-je apporter ? » plus qu’une attitude « que puis-je en retirer ? ». La sélectivité des membres est essentielle pour maintenir une cohérence au sein du groupe. La cooptation est le mode de recrutement le plus utilisé dans les communautés les plus fortes.
Il faut être vigilant à ce que certains membres (notamment les nouveaux) ne comptent pas trop sur les membres les plus moteurs afin de prendre en charge la vie de la communauté. Le principal challenge est de trouver le bon équilibre entre l’intérêt personnel et l’intérêt collectif. Il s’agit d’engager suffisamment l’ensemble des membres. Une bonne idée pourrait être de créer plusieurs niveaux d’intégration comme Ouishare et Enspiral ?
Les communautés auront une importance cruciale dans le travail de demain. L’entreprise devient le lieu où elles se rencontrent et c’est tout un écosystème qui est en train de se créer à travers ces dynamiques collectives.
Posons nous les bonnes questions pendant 5 minutes ⌚
Quels sont les groupes, collectifs, communautés dont je fais partie ?
Qu’est-ce que je leur apporte ?
Qu’est-ce que j’en retire ?
Quel serait le collectif rêvé pour moi ? Quel but, quel type d’échanges, quelle fréquence de rencontres, quels membres ?
Le contenu pour aller plus loin
L’article sur la rencontre de Tia, fondatrice de Freelancing Females.
Deux épisodes du superbe podcast de Thomas Burbidge : Young Wild & Freelance. Il parle de solitude avec Nolwenn et de collectif avec Leïla, un sujet qu’il maîtrise plutôt bien puisqu’il a également co-fondé le sien.
Le récit de l’aventure Mangrove
La vision du collectif par Delphine, membre d’Alqemist.
La création de la culture d’entreprise de Comet. Bien que ce ne soit pas un collectif, le processus de création d’une culture autour de valeurs communes est le même, ils ont détaillé le leur pour Maddyness.
Cette semaine, pour conclure ce billet, pas de chanson mais un film de ski. The Collective de Faction rassemble les athlètes de la team pour 50 minutes d’images génialissimes. Les skieurs aussi travaillent … en collectif. 🎿
Et voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. Et maintenant je compte sur vous, le futur du travail ça ne se construit pas tout seul ! 🤷♂️
Dites-moi ce que vous en avez pensé et écrivez-moi si vous connaissez des initiatives géniales, qui mériteraient d’être mises en avant. Dans le prochain billet nous parlerons de la façon dont le télétravail se diffuse avec des anecdotes qui nous viennent tout droit de Californie. 🇺🇸
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PS : Pas de billet du futur la semaine prochaine, nous nous revoyons le 30 décembre en pleine forme pour cette quatrième édition. Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année.