Donner accès aux IA, ça urge !
Billet du futur #101 : Deux approches complémentaires pour intégrer l’IA, la WIP Night sold out, et plein d’événements !
Bienvenue dans cette nouvelle édition du billet du futur ! Ça fait maintenant plus de 4 ans que j’explore les meilleures pratiques du Futur du Travail, et cette newsletter est le meilleur moyen de découvrir mes apprentissages en avant-première.
Si ce n’est pas déjà fait vous pouvez aussi 👇
Regarder les documentaires Work in Progress 🍿
Organiser une projection avec vos équipes 📽️
Lire la BD “Mais pourquoi j’irais travailler ?” 📖
Bonne lecture,
Sam
Donner accès aux IA
Dans le cadre d’un projet de transformation d’entreprise, qu’il s’agisse de considérations éthiques ou opérationnelles, l’enjeu est le même : il faut donner accès aux intelligences artificielles au plus grand nombre le plus vite possible.
Le premier sentiment que l’on a face à l’IA est qu’elle est d’abord réservée aux travailleurs les plus éduqués et qualifiés. Et l’analyse semble naturelle tant les technologies des 50 dernières années ont d’abord été destinées à cette population : c’était le cas avec l’ordinateur dans les années 80-90 puis de l’iPhone dans les années 2000.
L’IA profite surtout aux moins qualifiés
Mais il suffit d’un instant de logique pour comprendre que l’IA est une technologie bien différente, et qu’à l’inverse c’est la population la moins qualifiée qui en bénéficie le plus, déjà aujourd’hui.
Qu’il s’agisse de résumer un texte et le traduire, de relire un contrat ou bien de générer une campagne marketing, l’IA créera plus de valeur pour celui qui n’a jamais réalisé aucune de ces actions que pour celui qui les effectue déjà au quotidien. Vous avez certainement constaté que ChatGPT était moins bon que vous dans votre domaine d’expertise, mais vous permettait de faire suffisamment illusion dans un domaine que vous ne maîtrisez pas.
C’est en discutant avec Hossein Azari, un entrepreneur iranien rencontré à New York que j’ai saisi l’immense enjeu de donner accès aux technologies. A 15 ans il découvre Google, et se forme sur Internet depuis l’Iran au développement web, il a accès à une masse d’information qui lui permet de poursuivre ses études aux Etats-Unis, rejoindre Harvard, puis Google avant de fonder sa société de services bancaires décentralisés pour laquelle il vient de lever près de 4m$.
La différence avec ses camarades du même village ? Eux n’ont pas utilisé internet et n’ont compté que sur le savoir et les rencontres issues de l’école locale. Lui a ouvert une porte sur un tout nouveau monde avec internet. Quand il voit des jeunes entrepreneurs utiliser l’IA, il se revoit, ado, découvrant internet !
Aujourd’hui l’IA est aussi simple, gratuite et facile d’accès que ne l’est internet. Et ce, pour n’importe qui sur terre, peu importe où se trouve la personne et les tâches qu’elle souhaite réaliser.
Mais si l’IA apparaît comme une manne tombée du ciel pour les plus curieux d’entre nous, elle peut se révéler être un vrai tombeau pour les plus hostiles !
Il y a un vrai risque à ce que les personnes terrifiées à l’idée d’être remplacées par des IA ou simplement désintéressées ne s’en détournent. Et en n’apprenant pas à l’utiliser dans leur quotidien, elles accumulent du retard par rapport à ceux qui ont su l’intégrer. Rapidement, cet écart devient trop grand et dans une forme de prophétie autoréalisatrice, les personnes les plus hostiles à l’IA deviennent inemployables.
Pour éviter que le serpent ne se morde la queue de cette façon, il est urgent de donner accès le plus vite possible à l’IA à tous.
Deux approches complémentaires pour intégrer l’IA
L’analyse des stratégies d’entreprises pionnières révèle deux approches complémentaires :
Laisser chacun libre de trouver des cas d’usages : Toutes soulignent l’importance de donner accès aux IA à l’ensemble des salariés et de les laisser tâtonner pour trouver des usages. Ni la direction, ni le management n’est capable de juger mieux que la personne qui réalise effectivement la tâche de la qualité d’une IA pour l’effectuer à sa place. Les entreprises américaines rencontrées préconisent d’organiser deux à trois jours de hackathons pour l’ensemble des équipes et leur donner l’opportunité de se familiariser avec les IA, de les tester… Ainsi ce ne sont pas seulement quelques cas d’usages qui sont mis en place, mais potentiellement des centaines, directement applicables, trouvés par les premiers concernés ! Sans surprise, les pionniers sont les entreprises qui développent elles-mêmes des IA. Chez IBM, cela a pris la forme d’un hackathon d’une semaine impliquant 158.000 personnes, réparties sur 23.000 équipes.
Mais cette approche n’est pas suffisante car elle ne permet qu’aux membres les plus curieux et autonomes de réellement se saisir de la technologie et l’intégrer dans leur quotidien.
En parallèle, il s’agit d’adopter une approche top-down dans laquelle la direction apporte des exemples concrets de cas d’usages pour différents métiers. L’idée est de guider, de montrer, de rassurer sur le potentiel d’augmentation de certains métiers en faisant appel à l’IA sur certaines tâches. Ces cas d’usage peuvent avoir été développés en interne à travers des entretiens utilisateurs ou bien être issus de la veille dans d’autres entreprises, et d’autres secteurs.
Quels messages faire passer pour rassurer sur l’IA ?
Si l’approche opérationnelle est le nerf de la guerre, l’adoption se joue aussi sur le terrain de la communication, et il y a un vrai enjeu à trouver les bons mots pour faire en sorte que la technologie infuse auprès de tous et recueille l'adhésion y compris des plus réfractaires.
L’entreprise n’a pas d’intérêt à remplacer plutôt qu’à augmenter : Remplacer un humain par une machine permet, au mieux, de faire la même chose qu’auparavant. Mais il n’y a alors pas de possibilité d’évolution, la machine ne progresse pas, elle n’est pas nécessairement capable d’effectuer les nouvelles tâches qui lui sont confiées.
Chaque tâche est composée d’une partie réflexion et une partie exécution. La part de l’une et de l’autre varie en fonction des tâches et du niveau de qualification demandé, mais les deux sont indissociables. Avant de démarrer une tâche, il est nécessaire d’en comprendre les enjeux, les attentes, parfois tacites, les contraintes… Et tout ce travail de compréhension, de jugement, d’adaptation n’est pas fait par la machine. En se concentrant uniquement sur la productivité qui ne mesure que la partie exécution, on occulte toute la dimension réflexion d’une tâche, pourtant essentielle au bon fonctionnement de l’entreprise. Les organisations qui sauront mettre en avant cette compréhension apparaîtront comme rassurantes aux yeux de leurs membres.
Impliquer les membres dans l’allocation des gains de productivité : Si les salariés qui réalisent des gains de productivité n’ont comme seule perspective l’augmentation de la production pour la croissance, ils n’auront pas d’intérêt à réaliser des gains de productivité, ni à les partager lorsqu’ils en découvrent. Si en revanche ils sont impliqués dans la décision d’allocation de ces gains de productivité, pour à la fois nourrir la croissance, mais peut-être dégager du temps pour continuer à produire de façon plus qualitative, ou encore réduire le temps de travail, ils auront tout intérêt à tenter de réaliser des gains de productivité et les partager largement !
Le vrai enjeu de toute entreprise face à une technologie est d’adopter un usage réflexif, de prendre conscience des contraintes et de son adoption, de garder en tête les moments où il faut appuyer sur l’accélérateur ou le frein, et ne pas foncer bille en tête dans une hype qui passera mais aura peut-être eu le temps de faire des dégâts.
Ce n’est qu’en adoptant ce pas de côté qu’on fera en sorte que l’IA reste une technologie choisie et ne devienne jamais un outil subi.
News 🔥
Après un passage en express au Tech&Fest à Grenoble, j’en ai profité pour faire une petite rando et me mettre au vert pour le week end, déconnexion complète. Et forcément c’est là que les idées arrivent, je commence à réfléchir aux prochains projets à partir de cet été. J’ai envie de donner une dimension plus grand public encore à mes réflexions sur le travail.
Et en attendant, voilà les actus toutes chaudes !
La WIP Expedition Night est sold out, merci pour la confiance ! J’ai tellement hâte de vous retrouver le 5 mars. Je remets quelques places en vente au compte-goutte en fonction des invitations non pourvues. Une dizaine sont dispos ce matin, c’est le moment de foncer ! On a annoncé les lots du Quiz, +2000€ à remporter, c’est le moment de réviser ses classiques !
J’ai publié un petit récap du meilleur trip de ma vie, je vous emmène en une minute dans une journée mi-travail mi ski à Hokkaido !
Avec Laetitia nous avons publié un nouvel épisode de notre podcast Work Buddies dans lequel on se demande ce que le terme de “profil atypique” peut vouloir bien dire. A l’heure où tout le monde semble atypique, peut-être faudrait-il en finir avec ce terme ?
Je serai à Mont-de-Marsan pour une projection organisée par la CCI des Landes le 13 février. (inscription gratuite)
Je vous donne rendez-vous le 14 mars à Lyon pour un vernissage de notre expo photo Working Class qui met en avant une trentaine de métiers essentiels. Ça se passe à l’Ellipse, place Bellecour à partir de 18h, j’y serai avec le photographe Guillaume pour des visites privées, pour vous raconter les coulisses de ce projet et trinquer autour d’un petit cocktail. Inscriptions gratuites sur ce lien.
Si vous êtes RH et avez envie de vous mettre au vert, Charlène et Maud organisent un coliving début avril, ça s’annonce reposant et pétillant à la fois ! J’y serai pour une projection-débat le vendredi matin !
J’ai rassemblé mes partenaires pour une journée de séminaire. L’objectif ? Découvrir de nouvelles pratiques et réfléchir à nos propres transformations, recueillir de nouvelles idées à mettre en place et partager ses apprentissages ! En petit comité, nous avons eu le plaisir d’écouter et de questionner Paul Courtaud. Une prise de parole bien complète sur les enjeux de transformations des entreprises avec l’IA Generative et un focus particulier sur le rôle des RH. Puis c’est Yann FERGUSON qui nous a captivé pendant une heure autour des défis éthiques d’intégration des IA en entreprises. Et après un bon dej, c’est Noémie Aubron qui a pris le relais pour nous mettre en action avec des ateliers bien pensés en nous projetant dans le futur du travail.
Et l’agenda se remplit à fond jusqu’à septembre pour des projections, c’est par ici pour en organiser une ensemble.
Corner WIP
Vous n’avez pas eu votre dose de Work in Progress ? Passons une heure de plus ensemble. 🤗
Visionnez mon premier documentaire, Work in Progress (2021)
Visionnez mon deuxième documentaire, Why do we even work? (2022)
Visionnez mon troisième documentaire, Time to Work (2023)
Lisez la Bande Dessinée Et si on travaillait autrement ? (2022) et sa grande soeur "Mais pourquoi j’irais travailler ?” (2023)
Et surtout écrivez-moi vos retours, ils sont précieux pour la préparation des prochains projets.
Bonne journée ! 🌞