Futur du travail & web3
Billet du futur #68 : certifier les compétences, posséder ses données réputationnelles, de nouvelles formes d’organisations…
Bonjour à toutes et à tous,
Il y a quelques jours, j’ai eu une conversation avec mon ami Louis Lebouc qui devait tourner autour des enjeux du métavers pour le futur du travail. Rapidement on a conclu qu’il s’agissait surtout d’un gros FOMO autour du concept et que le métavers n’allait pas changer grand chose pour le Future of Work. En revanche, le monde d’où vient le métavers, le web3, pourrait bien avoir de chouettes répercussions pour l’avenir du travail ! Et c’est ce dont j’avais envie de parler aujourd’hui !
Pour creuser le sujet du métavers, notre conversation est disponible dans cet article pour Welcome to The Jungle.
Bonne lecture,
Sam
La réputation et les compétences
Dans le monde professionnel, notre vitrine se résume souvent à notre CV, un profil LinkedIn, parfois une recherche Google si on a travaillé sur des projets publics qui ont attiré l’attention. Tous ces éléments sont dispersés, bien souvent incomplets, et ne reflètent pas du tout ce que nous valons réellement ! Le problème vient du fait que les informations ne sont plus à jour, ou n’ont plus la valeur qu’elles avaient auparavant : que dit la ligne diplôme sur le CV d’une personne qui a terminé ses études depuis 20 ans ? Pas grand chose… Et au-delà de ne plus être à jour, le support même de ces informations ne permet pas d’en montrer la richesse.
La ligne “Programme Grand école (2016-2020) - Grenoble Ecole de Management” sur mon CV (je n’ai jamais eu de CV, mais j’imagine que ça se ferait comme ça) ne dit pas grand chose sur ce que j’ai réellement fait pendant ces quatre années : me rendre à quelques cours, en sécher beaucoup, créer une boîte, faire des rencontres formidables, passer des heures à travailler pour une asso de guide touristique en station de ski, skier, réaliser une learning expedition…
On aurait envie de se projeter dans la vie de la personne, avec des articles, avec le temps passé sur chaque projet, avec les réalisations concrètes, avec des photos…
Et c’est là qu’on pourrait imaginer des CV sous forme de NFTs. L’idée n’est pas de spéculer dessus pour qu’ils prennent de la valeur mais de profiter de la technologie blockchain permettant une authentification non falsifiable de nos compétences.
Nous pourrions aller plus loin encore en étant équipés d’un wallet contenant toutes les preuves “on chain”, c'est-à-dire, certifiées par la blockchain, de nos activités en ligne : la participation à des communautés, à des actions de gouvernance, mais aussi à nos engagements associatifs. Et au même moment ce wallet pourrait rassembler toutes les preuves de nos contributions professionnelles, il permettrait de montrer très concrètement les contributions sur les différents projets auxquels nous avons participé. C’est le concept même de CV qui sera modifié en incluant une plus grande variété d'activités par rapport à aujourd’hui.
Cela existe d’ailleurs déjà partiellement dans le milieu des développeurs avec des outils comme Github dans lesquels les développeurs disposent d’un profil rassemblant toutes leurs contributions ce qui permet d’avoir sous les yeux des exemples très concrets de leurs compétences. Il nous manque la même chose pour l’ensemble des métiers.
Ce wallet aurait aussi l’avantage de rassembler toutes les informations au même endroit plutôt que de disperser notre réputation sur différentes plateformes cloisonnées. Je me suis toujours dit que nos commentaires sur Blablacar ou Airbnb disent beaucoup de la façon dont nous nous comportons avec les autres et que cette précieuse matière n’était pas suffisamment exploitée. Avec ce modèle on pourrait aussi intégrer ces recommandations dans notre wallet ! Et l’autre avantage est que nous pourrions enfin avoir cette portabilité tant attendue des données réputationnelles ! Un freelance qui est un champion sur Malt, recommandé avec 5 étoiles par plus de 100 clients, qui du jour au lendemain souhaite quitter la plateforme pour se rendre sur freelance.com est bien embêté, il devrait repartir de 0 ; tandis que s’il possède ses recommandations dans son wallet, il peut se rendre sur n’importe quelle plateforme.
Enfin, un dernier avantage qui ne concerne pas tellement le Future of Work mais soulève plutôt des enjeux de libre arbitre et de sécurité, avec un tel wallet, mes données réputationnelles m’appartiennent enfin et ne dépendent pas d’un tiers !
Les modèles d’organisation
Au sein du web3, il existe ce que l’on appelle les DAO (Decentralized Autonomous Organizations). Ce sont des organisations qui mettent en mouvement des individus ensemble grâce à l’alignement des intérêts à travers un token, cet actif numérique émis et échangeable sur une blockchain. Concrètement, un protocole définit ce qu’il se passe lorsque telle ou telle action est effectuée par l’un des membres et exécute le programme de façon automatique et systémique.
Et ce qui est très intéressant avec les DAO pour nos organisations, c’est que chacun à son mot à dire sur la gouvernance du projet à partir du moment où il contribue. En fonction du protocole, mes actions me rapportent plusieurs éléments intéressants : la propriété de la DAO, des contributions financières, un droit de vote et mon mot à dire sur la gouvernance de la DAO.
La récompense en fonction des engagements est peut-être ce qu’il manque au salariat actuel… A un moment donné s’il n’y a pas d’intéressement, qu’il soit financier ou lié à la gouvernance du projet, je n’ai pas d’intérêt à m’engager plus que le minimum attendu. Avec un système de récompense comme cela existe déjà à travers la distribution de token, chacun de mes engagements est rétribué selon le protocole. Pour résumer, dès que je fais quelque chose pour le projet, je gagne des sous ou le droit de décider la direction que prend le projet, avec un aspect très important : la totale transparence ! Les actions de chacun sont consultables sur la blockchain, les règles de la DAO sont affichées à la vue de tous !
Par ailleurs, au sein des DAO chacun est encouragé, à partir d’une structure globale, à lancer d’autres projets au sein de celle-ci, comme une sorte de spin-off ! Chacun devient créateur ! Ça permet d’inciter à l’entrepreneuriat, donc en entreprise à l’intrapreneuriat et à créer de l’engagement. Là où aujourd’hui nous avons une formation principale puis un job, ou une succession de jobs à temps plein, avec le web3 nous avons plusieurs formations tout au long de la vie qui sont immédiatement traduites en expériences et illustrent les compétences des individus mieux que les diplômes.
Valentin Decker a écrit un article tout récemment sur la façon dont les collectifs de freelances peuvent s’organiser en DAO, et je crois aussi que ça fonctionnerait particulièrement bien pour les indés ! Si le sujet des DAO vous a intéressé et que vous voulez le creuser, l’article de Valentin est pédagogique et permet de bien comprendre le système de rétribution en fonction des actions on-chain.
News 🔥
En ce moment je bouge littéralement aux 4 coins de la France. J’étais la semaine dernière à Paris et à Toulouse pour intervenir avec le documentaire Why do we even work? et cette semaine je prends la direction de la Bretagne avant de filer direction Aix, non sans passer plusieurs fois par Paris of course! Si je n’avais pas encore TGV Max, je payerais certainement plus cher la SNCF que mon loyer lyonnais !
Ces déplacements tombent à pic, les discussions qui vont avec nourrissent mes réflexions pour les prochains projets de WIP et notamment le troisième documentaire sur lequel je travaille à fond lorsque je ne suis pas en projection !
Ma dernière intervention de l’année est à Paris avec Fujitsu et vous êtes invités ! Un après-midi pour construire le futur dans lequel je présenterai des extraits du documentaire pour réfléchir à l’entreprise de demain (qui est déjà un peu celle d’aujourd’hui, mais pas de spoil). C’est gratuit, c’est le 5 juillet, il suffit de s’inscrire les places sont limitées !
Il y a 2 ans, alors que je revenais de ma learning expedition sur le future of work, ma mère m’a fait un cadeau bizarre mais génial pour mon anniversaire. Elle m’a organisé une rencontre avec un philosophe sur le travail, et ce dernier n’est autre que Jean Mathy. J’ai eu le plaisir de le retrouver il y a quelques jours pour une trentaine de minutes de discussions sur “Pourquoi travaillons-nous” en plateau !
Cédric Costa m’a invité dans son podcast Shortcut, le principe est très sympa, on papote une heure, on oublie presque qu’il y a un micro et ensuite il découpe tout ça pour garder les moments les plus intéressants.
Ce petit moment, hors du temps, où la salle se remplit avant une projection, ça donne toujours une petite émotion. Et celle-ci était toute particulière ! ❤️ On a mis la main sur les rushs de la toute première présentation de Why do we even work? en mars dernier, une projection dédiée à nos partenaires et à la presse dans le bel audito de Comet Meetings ! Par ici pour le replay.
Je serai ce vendredi avec Alexis, Laetitia, Thomas et Aline sur le plateau de Café Free pour 1h30 à papoter autour des vacances pour les indépendants. On devrait bien se marrer, inscription gratuite c’est par ici.
Coup de 👍 : Roxane de Misfit lance une grande enquête nationale pour collecter les réponses de femmes sur la manière dont elles vivent (ou subissent) leur travail. L’objectif est de lever les tabous sur les besoins spécifiques des femmes en milieu professionnel. Pour participer c’est par ici.
Documentaire & BD
🎥 Le documentaire Why do we even work? est toujours disponible sur différentes plateformes et en projections privées à partir de la rentrée de nouveau.
📘 Et notre BD avec Sophie : Et si on travaillait autrement ? a voyagé un peu partout elle aussi, elle a même été aperçue au Japon ! Si vous l’avez commandée en ligne, ce serait super sympa de mettre un petit commentaire pour la faire connaître. Pour la découvrir, rendez-vous en librairies ou en ligne !
Si on vous a transféré cet email et que vous avez aimé le billet vous pouvez vous abonner juste ici :
Bonne journée ! 🌞