Bonjour à tous,
J’avais envie de vous partager une édition hors-série sur une réflexion autour de la place du travail dans nos vies et les contradictions dont nous sommes (tous ?) pétris.
Pour tout vous dire, il y a quelques semaines, on m’a fait le plaisir de m’inviter à conclure une soirée de battles sur le travail, organisée par Lucca et Usbek & Rica.
La consigne : un billet d’humeur, carte blanche.
J’ai gratté pendant une heure, c’est sorti tout seul, c’était une première pour moi sur ce format, et j’ai pris tellement de plaisir à l’écrire et le lire sur scène que j’avais envie de vous le partager ici.
Si vous préférez l’écouter plutôt que le lire, il est aussi disponible sur YouTube.
Je ne peux m’empêcher de penser qu’au travail, on a rendu compliqué, des choses si simples. Qu’à la fin il nous suffirait d’un peu de bon sens pour guider toutes les décisions.
Tenez, le concept même de carrière… qui fait carrière sérieusement ?
Quel être normalement constitué se dit consciemment qu’il souhaite devenir comptable chez Carrefour ? Ou Learning Manager dans la dernière scale-up à la mode ? Ou bien n’importe lequel des métiers que nous effectuons après une école de commerce, une fac…
Non, soyons honnêtes. Ce qui fait que nous en sommes là aujourd’hui, c’est qu’à un moment donné on s’est dit “tiens, j’aimerais bien me sentir en sécurité, avoir un peu de pognon pour partir en vacances, j’ai envie de reconnaissance, ou mieux encore le fameux : j’ai envie de me sentir utile” ! Et puis on comprend que si on veut jouer à ce jeu là, les gagnants sont ceux qui passent leurs journées sur une chaise devant un écran à taper des mots sur un clavier.
Ce qu’on tape, à qui on le tape et pourquoi on le tape, ça c’est variable, généralement ça n’a pas une grande importance mais on finit par se convaincre que ça en a une. Mais tout ça les amis ce ne sont que des représentations !
Et ça a l’air triste dit comme ça, mais attention, au fond de nous on sait que c’est une grande mascarade à laquelle on n’est pas mécontents de participer.
Pour tout vous dire, j’ai l’impression d’être pétri de contradictions.
Et je crois que je ne suis pas le seul, on est tous pleins de contradictions parce que :
On voudrait tous prendre les décisions à la place du chef, mais personne ne veut assumer les responsabilités de ces décisions.
On veut tous des journées de télétravail, mais on se plaint quand on arrive au bureau et qu’il n’y a personne et qu’on doit faire des visios.
On veut tous de la transparence, mais pas sur ce qui nous concerne, ça c’est secret.
On veut bien respecter le code du travail quand il faut noter les heures sup, par contre ça nous arrange bien quand les pauses s’étirent, ou qu’on peut filer en douce pour un rdv perso en pleine aprem au nom de la sacro-sainte flexibilité.
Côté entreprise, c’est pas mieux. On aimerait que tous nos salariés développent des compétences, mais ça ne nous arrange pas s’ils veulent tous changer de poste tous les 6 mois.
On aimerait que chacun s’investisse dans l’entreprise comme si c’était la sienne, mais sans que ce soit la sienne, parce que soyons honnête, on n’a pas envie de partager le gâteau.
On refuse d’augmenter son salarié de 3k quand il ose demander une augmentation, par contre on est prêt à lui en filer 10 quand il a une offre pour partir 2 mois plus tard.
Et si, plutôt que contradictoires, on n’était pas en réalité un peu tous des margoulins, et qu’on n’était pas surtout, de mauvaise foi ?
Comme nous avons jadis aboli les paroisses, nous avons aboli les communes, nous avons aboli le voisinage, on en vient à abolir le lien social que représente l’entreprise. Réduire ces interactions au strict contrat de travail quand ça nous arrange.
Ne serions-nous pas simplement au travail comme nous sommes dans la vie, des individualistes décomplexés ?
Qui swipons pour bouger d’un job à un autre comme on swipe d’un date à l’autre.
Qui ghostons les emails comme nous ghostons les DM sur Insta.
J’ai envie de croire que non. Parce qu’il reste des gens qui tentent de nous rassembler autour de projets, autour de lieux, autour d’enjeux, j’en ai rencontré des dizaines, un peu partout sur terre.
Je crois que notre problème à tous c’est qu’on s’est un peu trop résignés, on a tous envie de bien faire, je peux pas croire qu’on soit tous des salauds. Il faut juste qu’on arrête de se renfermer sur soi à la première contrariété et qu’on se remette à se parler les uns aux autres.
Parce qu’au fond, le futur du travail, c’est juste du bon sens, et c’est l’affaire de tous, on a tous un rôle à jouer !
Et l’entreprise, c’est un peu comme la vie. On ne sait pas trop ce qu’on fait, mais on fait de notre mieux en faisant semblant d’avoir l’air de savoir ce qu’on fait.
Sam
D’ailleurs, à l’occasion de cette soirée, Lucca a dévoilé le baromètre des aspirations professionnelles en France.
On y apprend notamment que 61% des Français se disent satisfaits de leur vie professionnelle et 64% d’entre eux estiment être motivés au travail, et pourtant 1 sur deux envisage aujourd'hui de changer de métier !
Dites moi si le format vous a plu, si le billet résonne pour vous. Et la semaine prochaine la newsletter reprend son rythme habituelle, je vous raconterai ce que je retiens de notre virée au Danemark.
On était à Copenhague et au Port d’Esbjerg pour comprendre la façon dont ils ont utilisé la transition verte comme une opportunité pour déployer à l’échelle des programmes de formation aux compétences de demain. C’était passionnant, une vraie leçon de reskilling !
On se retrouve lundi prochain, si vous ne pouvez pas attendre, vous pouvez aussi 👇
Regarder les documentaires Work in Progress 🍿
Organiser une projection avec vos équipes 📽️
Réserver un appel ensemble
Lire la BD “Mais pourquoi j’irais travailler ?” 📖
Merci pour ce billet qui sonne tellement juste. Une vision réaliste de notre société actuelle
Qu’est-ce que ce billet me fait du bien ! Ça touche en plein dans le mille mes questions existentielles. Mais comment faire pour trouver du sens dans toutes ces contradictions ? Le mystère reste entier…