Internet & futur du travail : rien de nouveau sous le soleil
Billet du futur #64 : L’interview de Catherine Barba , la BD disponible en précommandes !
Bonjour à toutes et à tous,
Aujourd’hui je vous propose un billet sous format d’interview avec une personne que vous connaissez très certainement, Catherine Barba ! Elle se lance dans sa quatrième entreprise, Envi, pour accompagner les entreprises et les individus à s’adapter aux mutations actuelles du monde du travail. Et il y a pas mal de similitudes dans la démarche avec ses premiers projets à l’arrivée d’internet, et c’est tout l’objet de notre discussion !
Bonne lecture,
Sam
PS : lisez jusqu’aux news, petite exclu ;)
Rien de nouveau sous le soleil
Hello Catherine, je suis super content de discuter avec toi aujourd’hui ! Tu as démarré ta carrière en même temps que l’arrivée d’Internet et évidemment c’était un concept tout nouveau, il fallait l’expliquer aux entreprises, mettre en évidence leurs intérêts… Comment tu t’y es prise et avec quels succès ?
Les règles pour être un évangéliste efficace, tu les connais déjà, jeune pionnier du Future of Work ! Je te vois avec admiration porter la bonne parole de la révolution du travail aux entreprises et creuser ton sillon.
C’est drôle parce que je faisais ce même travail de sensibilisation au début de la révolution numérique il y a 25 ans 😨, à la différence près - et c’est là tout le sujet - que moi j’étais salariée.
J’avais été recrutée à ma sortie d’école de commerce en 1996 par une entreprise leader de l’achat d’espace publicitaire pour créer son département Internet (on disait alors multimedia haha). Mon job consistait avant tout à expliquer aux annonceurs l’opportunité que la publicité en ligne et l’e-commerce représentaient pour l’avenir des entreprises.
En le faisant j’ai appris qu’il fallait :
1) Être visible. J’avais écrit deux livres, prétexte d’un tour de France des CCI en mode tournée de Lady Gaga pour aller rencontrer un maximum de commerçants, j’avais une chronique sur BFM Business…; toi tu as notamment réalisé les documentaires Work in Progress et Why Do We Even Work, écrit une BD, installé un rendez-vous régulier dans la web émission Café Freelance… Continue à être visible pour être identifié comme la référence sur ton sujet.
2) Beaucoup écouter. Comme tout bon vendeur, tu dois sans cesse questionner, prendre la température des freins et idées reçues qui s’expriment. La peur, essentiellement de perdre (sa culture d’entreprise, ses meilleurs talents…) se dépasse peu à peu avec des éléments factuels : des exemples, chiffrés, enquêtes, baromètres. Le changement étant toujours perçu d’emblée comme une menace, à toi de rassurer en démontrant les opportunités.
3) Répéter. La patience est ta meilleure alliée ! Il a fallu 15 ans en France pour que les entreprises traditionnelles se convertissent massivement au digital, et c’est normal quand tu penses à tout le poids du passé qu’elles ont à déplacer avec elles. J’ai toujours veillé à ne jamais leur donner la sensation d'être reléguées dans l'ancien monde. C’est leur histoire cette transformation, leur avenir, n’oublie pas de leur dire.
4) Donner envie. Au fond c’est ta passion, ton authenticité, ton exigence intellectuelle, ton humilité partagées qui feront que ta vision, tes convictions ouvrent des brèches. Ni illuminé, ni sachant : garder intacte ta foi dans le FoW et ton inébranlable dynamisme bougera les lignes. Mais tout cela, tu le sais déjà !
Merci pour ces mots, ces bons conseils et cette prise de recul ! Je t’avoue que je n’avais jamais vraiment pensé à tout ça de façon consciente, mais aujourd’hui ça résonne !
Cette année tu crées ta quatrième société, félicitations (et je suis bien content de faire partie de l’aventure à tes côtés !) Elle s’appelle Envi, ce n’est plus de la transformation digitale mais l’adaptation à ce qu’on appelle le Future of Work. Est-ce qu’il y a une forme de déjà vu ? Qu’est-ce qui est similaire dans la démarche à ce que tu viens de nous décrire ?
Le parallèle est saisissant entre ce que les entreprises ont connu avec la révolution numérique et ce qui se passe aujourd’hui avec la révolution du travail. Dans les deux cas, on est dans une logique de rupture qui oblige l’entreprise à questionner ses fondements. On parlait de nouvelle économie avec le digital, c’est de nouvelle société qu’il s’agit aujourd’hui. La réglementation aussi va devoir bouger.
Le numérique modifiait radicalement la relation avec le consommateur ; c’est avec le collaborateur que le lien est aujourd’hui profondément transformé.
L’e-commerce exigeait de replacer le client au centre de l’entreprise, de repenser sa façon de lui parler, de vendre, de le livrer, et pour cela de transformer son organisation interne ; en plaçant l’actif humain au cœur des réflexions de l’entreprise, la révolution du travail exige d’inventer le socle d’un nouveau pacte social. L’entreprise doit repenser sa façon d’attirer, d’onboarder, de développer, d’évaluer, de motiver durablement les talents, qu’ils soient salariés ou non.
Parce que le nombre d’indépendants va significativement augmenter, on crée Envi pour aider tous ceux qui sont à leur compte à en vivre durablement, et les entreprises à prendre une longueur d’avance dans cette mutation. L’adrénaline est la même, tout reste à inventer !
Un projet ambitieux et nécessaire ! Comment fait-on quand on est face à une entreprise qui te dit “non mais chez nous c’est différent, ça ne nous concerne pas…” ? Pour la plupart des entreprises, il est difficile d’entendre qu’elles n’ont pas d’autres choix que de se transformer…
Tu as raison, mais tu dirais probablement pareil à leur place. Du fait de leur taille, les entreprises sont toujours en retard sur les usages. Avoir conscience d’un phénomène nouveau prend du temps. Passer d’« agile dans la tête » à « agile dans les jambes » plus encore ! Ton temps n’est pas celui des grandes organisations.
Ta meilleure réponse est de sans relâche, comme tu le fais aujourd’hui, continuer à évangéliser, informer, expliquer, rassurer, donner envie.... Le Future of Work est l’affaire de tous, pas seulement un sujet pour les RH ou les BU liées à l’IT et au digital. Assure-toi que les directions générales des entreprises où tu passes accueillent la transformation du modèle de l’entreprise comme une bonne nouvelle et encouragent ces nouvelles façons de créer de la valeur.
Il faut donc s'armer de patience donc. J’ai l’impression que des années d’évangélisation ne sont rien comparées à la puissance de transformation d’une crise profonde. On l’a vu avec le télétravail et le covid, comment fait-on pour éviter de devoir attendre une crise énorme avant de se transformer ?
Un de mes profs de stratégie disait : « C’est quand tout va bien qu’il faut tout changer ». Quand ton business va bien, que tes indicateurs sont au vert, tu ne vois pas la nécessité de remettre ton organisation en question. Tu risques d’oublier que rien ne dure. Or ce n’est une option pour personne de questionner le statu quo pour réinventer sa façon de travailler, de penser le collectif, sa culture managériale, sa collaboration avec les indépendants, surtout dans un monde où les talents aspirent massivement à plus d’autonomie, d’équilibre et de sens.
Peut-on se remettre en question sans attendre d’être en crise - « stay foolish, stay hungry » disait Steve Jobs en 2005 dans son discours historique aux étudiants de Stanford ? Oui, je le crois, et la réponse est dans la diversité. C’est, je l’ai appris aux Etats-Unis, la clé pour regarder le monde autrement. Veiller à se confronter à l’altérité (de parcours, de profil, de culture, de façon de travailler), s’entourer de gens différents est la seule façon de ne pas s’endormir sur ses certitudes. La diversité ne va pas de soi. On doit accepter d’être dérangé. C’est dans les frottements et les divergences que l’on produit de l’innovation.
Un grand merci pour ces conseils Catherine, on va suivre de très près ce qu’il se passe du côté d’Envi !
News 🔥
Ces deux dernières semaines il ne s’est pas passé grand chose, j’étais en vacances quelques jours ! Après la sortie intense du documentaire et les semaines qui arrivent, chargées en conférences et projections, c’était pile la coupure dont j’avais besoin. Et comme d’habitude, c’est en vidant mon cerveau que celui-ci s’est mis en route et a trouvé l’angle du prochain documentaire. Je suis content parce que j’avais plein d’axes en tête mais j’avais du mal à identifier celui que j’avais vraiment envie de creuser et qui englobe parfaitement ma vision du travail, je crois que je le tiens ! Je vais pouvoir commencer à le construire !
Quelques news quand même !
Le concours “Montre moi le travail de demain” récompense la vision du travail des jeunes (12-25 ans), qu’elle soit positive ou négative. A la clé, 1500€ et des journées pour découvrir un métier qui les fait rêver. Le concours devait se terminer hier soir, mais en recevant quelques messages de retardataires, et ayant bien connu le last minute pendant toute ma scolarité, j’ai décidé de le prolonger jusqu’à demain soir !
Les règles et l’email pour participer sont sur cette page, c’est le moment de faire réfléchir les -25 ans autour de vous ! Bonne chance !
La BD Work in Progress est désormais disponible en précommandes ! Elle sortira en ligne et en librairies le 5 mai, si vous la précommandez, elle arrivera chez vous le même jour. Je vous en reparle bientôt, j’ai profité de mon passage à New York pour voir Sophie, l’illustratrice qui y vit désormais.
Le nouveau livre de mon amie et économiste @laetitia vitaud est disponible ! “En finir avec la productivité, critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail” est à acheter dès maintenant en librairies ou en ligne ! J’ai beaucoup appris ; des concepts nouveaux, d’autres redécouverts (coucou la prépa), certains explorés sous un angle que je n’avais pas encore vu. Et quand on croit que la critique de la productivité est terminée, il en vient de nouvelles !
J’ai partagé ma vision de l’engagement des entreprises sur le sujet des freelances dans les Echos à l’occasion de la sortie de l’étude de LittleBig Connection.
Ce jeudi je donne une masterclass autour du premier documentaire Work in Progress pour la communauté Social Declik, inscriptions ici.
Documentaire 🎥
Un tout petit peu plus d’un mois après la sortie du documentaire je suis toujours aussi preneur de vos retours, un grand merci pour celles et ceux qui m’écrivent, beaucoup de projections et événements sont dans l’agenda, le planning est quasi plein jusqu’à l’été et commence à s’organiser pour la rentrée.
Si vous voulez organiser un temps fort autour du documentaire, c’est par ici.
Et vous l’avez compris, je commence à travailler sérieusement sur le prochain documentaire !
Work in Progress 2 est un documentaire soutenu par SThree, Le MAIF Start up Club, Le Groupe BPCE, UKG et Freelance.com !
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Bonne journée ! 🌞