Le défi climatique de l’IA
Billet du futur #105 : L’impact de l’IA sur le climat : entre gros freins et vraies solutions
Bienvenue dans cette nouvelle édition du billet du futur ! Ça fait maintenant plus de 4 ans que j’explore les meilleures pratiques du Futur du Travail, et cette newsletter est le meilleur moyen de découvrir mes apprentissages en avant-première.
Si ce n’est pas déjà fait vous pouvez aussi 👇
Regarder les documentaires Work in Progress 🍿
Organiser une projection avec vos équipes 📽️
Lire la BD “Et si on travaillait autrement ?” 📖
Bonne lecture,
Sam
Déjà une dizaine de projections de AI at Work: who runs the office? dans les pattes et je sens que certains sujets de conversations reviennent dans les débats qui suivent la docusérie.
L’un d’entre eux, que j’ai choisi d’explorer aujourd’hui, est l’impact de l’IA sur la RSE, et bien souvent plus précisément sur le climat. C’est un sujet que l’on peut considérer de deux façons :
Le développement de l’IA a des effets négatifs sur le climat, notamment à cause des besoins énormes en énergie et en eau douce.
Le développement de l’IA a des effets positifs sur le climat en réduisant le gaspillage de certaines ressources, en optimisant les dépenses d’énergie et en éclairant nos décisions sur un certain nombre de sujets.
Allez, on commence par les aspects négatifs et on se quitte avec le sourire, ça vous va ?
Le défi climatique de l’IA
Les IA Génératives nécessitent une grande quantité d’énergie pour faire tourner les processeurs graphiques (GPU). Dans un premier temps, on en a besoin pour entraîner les modèles sur d’immenses bases de données. Et une fois que ces modèles sont commercialisés, nous avons toujours besoin d’énergie pour répondre aux requêtes.
Concrètement, il faut imaginer des fermes de serveurs qui tournent H24 et qui sont très gourmandes en énergie. Et puis au-delà de la consommation d’énergie quand ils tournent, on estime que la fabrication d’un serveur représente 3600kg CO2eq. (Source rapport Data For Good page 86-87)
Sam Altman lui-même a souligné le défi énergétique que pose le développement de l’IA lors d’une intervention à Davos.
"Je pense que nous n'apprécions pas encore les besoins énergétiques de cette technologie. Sans une percée, nous avons besoin de la fusion ou nous avons besoin, par exemple, d'une énergie solaire radicalement moins chère et d'un système de stockage, ou de quelque chose d'autre, à une échelle massive, une échelle que personne ne prévoit vraiment".
On estime que ChatGPT répond à environ 200 millions de demandes par jour et consomme +500.000 de kilowattheures (Kw) d'électricité.
Alors ça ne veut pas dire grand chose ces chiffres, mais à titre de comparaison, un ménage américain moyen consomme 29Kw par jour, soit 17.000 fois moins.
Le problème, c’est que non seulement le besoin d’électricité est croissant pour un tas d’autres usages que l’IA, mais que la plupart des sociétés qui développent les LLM que nous utilisons sont basées aux Etats-Unis. Et ils ont un mix électrique affreux qui rejette énormément de CO2. Toujours ce même rapport de Data For Good souligne qu’un même modèle d’IA Generative peut émettre 10 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre aux US qu’en France.
Alex de Vries, étudiant en thèse à l'université libre d'Amsterdam a calculé que s’il y avait autant de requêtes sur ChatGPT aujourd’hui qu’il n’y en a sur Google, la consommation d’électricité serait équivalente à celle d’un pays comme l’Irlande.
Et l’électricité n’est pas le seul sujet. Pour refroidir les fermes de serveurs, nous avons besoin d’eau ! L’entraînement de GPT-3 dans les datacenter ultramodernes de Microsoft aux États-Unis a nécessité 700 000 litres d'eau douce propre. Et la demande mondiale en eau douce par l’IA pourrait nécessiter de prélever 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d'eau en 2027, soit la moitié de ce dont a besoin le Royaume-Uni. (Source : Une étude de l’Université de Californie)
Quand on lit tout ça, on n’a pas envie de lancer ChatGPT pour lui demander de nous raconter des blagues ! Dans AI at Work: who runs the office? Plusieurs speakers appellent à adopter un usage réflexif de l’IA. Ils font surtout référence à la notion d’apprentissage, au fait d’être capable de ne pas utiliser les IA par moments pour continuer à maîtriser certaines compétences.
Mais se poser la question de l’usage de l’IA face à une tâche donnée n’est pas uniquement nécessaire pour la courbe d’apprentissage c’est aussi un angle essentiel d’une approche RSE.
Les good news, les cas d’usages où l’IA nous aide à protéger notre planète
La bonne nouvelle c’est qu’on ne parle pas au futur, déjà aujourd’hui des solutions qui utilisent des modèles d’intelligence artificielle nous permettent d’optimiser la consommation d’énergie et d’éviter du gaspillage.
Les énergies renouvelables :
L’IA permet de faire de la maintenance prédictive d’équipement, ce qui, dans l’éolien, permet de réduire les coûts jusqu’à 47%. Et plus les coûts baissent, plus on peut s’équiper en éolien !
Pour les panneaux solaires, l’IA analyse l’historique des données météorologiques, et les performances des panneaux solaires pour prédire les périodes optimales de production d'énergie et les meilleurs lieux d’installations des panneaux.
Les bâtiments
Le géostockage couplé à l’IA permet l’optimisation des températures dans les maisons des particuliers et dans les surfaces plus grandes comme les entreprises. Accenta le propose déjà en France.
Transports
Des solutions de gestion des feux rouges avec l’IA sont déjà en test dans plusieurs villes de France pour se déclencher au bon moment et fluidifier le trafic, ce qui permet non seulement de réduire les émissions de CO2 (plus importantes au démarrage des véhicules) et de gagner du temps.
On a aussi d’autres IA qui permettent de diminuer la consommation de carburant des navires en analysant leurs performances et la météo.
Et plein d’autres cas d’usage ! Des IA sont capables de réduire le prix d’un produit dont la date limite de consommation approche pour éviter le gaspillage. En agriculture, l’analyse des données relatives au sol, à la météo et aux performances des cultures permet l'optimisation de l'irrigation, la rotation des cultures et la lutte contre les parasites, ce qui permet d'augmenter les rendements tout en réduisant les ressources nécessaires.
Bref, si on considère que nous n’en sommes qu’au tout début du potentiel de l’IA, la technologie nous permettra certainement de trouver des solutions à des problèmes identifiés face auxquels nous semblions impuissants jusqu’à présent.
Est-ce que ces solutions compenseront les dégâts faits pour développer cette technologie ?
Ça, l’avenir nous le dira !
En tous cas, s’il y a bien une chose qu’on peut faire dès aujourd’hui, c’est adopter un usage réflexif de l’intelligence artificielle. Toujours se demander si ce que l’on fait a du sens, ce n’est pas parce qu’on peut que l’on doit !
J’ai deux articles à vous recommander pour poursuivre les réflexions.
Tout réinventer avec l’IA du Plongeoir : plein d’autres exemples très chouettes sur la façon dont l’IA est utilisée à bon escient dès aujourd’hui.
What if generative AI was actually underwhelming? de Laetitia Vitaud : 4 raisons qui pourraient ralentir le rythme d'évolution de l'IA générative.
News 🔥
Je rentre aujourd’hui d’une semaine à Lisbonne qui m’a fait un bien fou ! Ce n’était pas des vacances mais un changement d’air pour travailler sur plein de petits projets que je repoussais depuis un moment et qui vont enfin voir le jour.
Et j’ai surtout profité de cette semaine pour travailler sur le prochain documentaire, c’est une grande période de recherche qui s’ouvre pour démarrer l’écriture, et en parallèle je sélectionne les partenaires qui m’accompagneront dans cette nouvelle aventure !
Ce soir c’est la reprise des projections de AI at Work, à Paris avec l’ANDRH et l’APEC puis je file du côté de la Belgique pour les suivantes !
Si vous n’avez pas encore vu la docusérie, vous pouvez la trouver en ligne juste ici.
Et pour organiser une projection privée, ça se passe par là. Une trentaine de projections sont prévues jusqu’à l’hiver prochain, j’ai super hâte d’aller le diffuser un peu partout !
J’ai retravaillé un ancien billet pour une tribune dans The Daily Swile : L’IA peut-elle venir à bout des bullshit jobs ?
Et les podcasts reprennent avec Laetitia dès mercredi, en attendant vous pouvez déjà réécouter ou découvrir nos anciens épisodes de Work Buddies.
Et j’ai lancé la La Hotline Transfo RH ! Chaque semaine, je reçois des messages me demandant mon avis sur un projet RH, des contacts de pionniers, des bonnes pratiques pour mettre en place telle ou telle transfo RH, et la question à 1000 dollars : comment faire pour attirer des talents ? Et chaque semaine, je réponds “/non”, mon raccourci qui envoie un gentil message pour dire que je concentre toute mon énergie à la réalisation de documentaires et que je n’ai pas le temps.
J’ai décidé de prendre 4 appels par mois. 30’ pour challenger vos transformations RH.
Et je vous quitte sur deux recommandations !
La Quotidienne de Voxe pimente les tartines et muscle le cerveau de + 64 000 badass tous les matins. Abonne-toi ici pour recevoir chaque jour ta dose d’info qui va droit au but et au cerveau (et qui fait vibrer ton cœur, on ne va pas se mentir). C’est celles qui la lisent qui en parlent le mieux : “L’info me déprimait, je fuyais les news sur les réseaux sociaux, à la télé, sur les unes des magazines... mais avec la Quotidienne, tous les matins je souris en attendant mon bus.”
Vous êtes indés et vous cherchez à télétravailler avec d’autres indés sur des lieux de vacances. Nolwenn organise les séjours qu’il vous faut ! Le prochain a lieu dans les Landes du 27 au 31 mai.
Corner WIP
Vous n’avez pas eu votre dose de Work in Progress ? Passons une heure de plus ensemble. 🤗
Visionnez mon premier documentaire, Work in Progress (2021)
Visionnez mon deuxième documentaire, Why do we even work? (2022)
Visionnez mon troisième documentaire, Time to Work (2023)
Lisez la Bande Dessinée Et si on travaillait autrement ? (2022) et sa grande sœur "Mais pourquoi j’irais travailler ?” (2023)
Et surtout écrivez-moi vos retours, ils sont précieux pour la préparation des prochains projets.
Tes cadeaux pour te remercier de partager le Billet du futur
Pour rappel, si tu recommandes le Billet du futur à d’autres personnes, je t’offre des cadeaux !
1 recommandation : Je t’envoie mon rapport d’étude “Future of Work”
10 recommandations : Je t’invite à l’avant-première de mon prochain documentaire
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Bonne journée ! 🌞
Très instructif cet article dégâts / gain de l’iA. Impressionnant les coûts électriques et consommation eau!
À utiliser avec modération !!!