Une décennie vient de s’achever et une nouvelle s’ouvre tout juste devant nous. Un moment propice pour dresser un bilan de ce que nous voulons retenir ou se risquer à deviner ce que nous réservent les 10 prochaines années.
Je vous présente mes vœux concernant l’évolution du travail pour la décennie à venir. Ce billet n’a rien d’un Master Plan à la Elon Musk mais si certains souhaits se réalisent je serais fier de notre société. Rendez-vous en 2030 pour le débrief !
Bonne lecture,
Samuel
Le Parrain du futur
Ce Billet du Futur est parrainé par comet, la plateforme qui aide les organisations à se réinventer. Comet accompagne plus de 1000 clients et 80% des entreprises du CAC 40 dans leurs projets grâce à une communauté de 5000 experts tech, data et produit en freelance.
Mes vœux pour la décennie à venir
Télétravail
Je souhaite que le télétravail ne soit plus un “avantage” mais la norme en entreprise.
Au cours de la dernière décennie, nous avons créé les outils permettant de travailler à distance. Une véritable prouesse puisqu’il n’est plus nécessaire d’être dans la même pièce pour travailler sur le même projet. Suite Google, Notion, Slack, Zoom, Calendly et bien d’autres ont ouvert la voie à une nouvelle façon de travailler. Un fonctionnement de plus en plus répandu dans l’écosystème start-up, freelance et pour quelques entreprises avant-gardistes. En revanche, le travail en remote est loin d’être démocratisé pour tous. En France ce ne sont que 29% des salariés du privé et nombreux sont ceux qui pointent la forte culture du présentéisme.
Maintenant que les outils existent, le défi est humain, il s’agit de transformer le management, la gestion de projet et d’adapter la culture d’entreprise au travail en remote. Pour la prochaine décennie, faisons de cette évolution une révolution !
Pas de pénurie de talent, une flexibilisation
Je souhaite que les entreprises sachent travailler avec les meilleurs profils disponibles pour un projet donné, peu importe leur statut juridique ou leur lieu de résidence.
Les années 2010 ont été marquées par le boom du nombre d’indépendants, de nombreuses marketplaces se sont créées avec la mission de connecter les freelances aux entreprises. Sur la plateforme Upwork c’est plus de 10.000 freelances qui s’inscrivent chaque jour !
Alors que l’on pointe du doigt la pénurie de talents à venir, que les services des ressources humaines se plaignent des difficultés de recruter, il est peut-être temps de penser à s’adapter aux transformations du travail. Des dizaines de milliers de travailleurs sont disponibles à la demande sur les plateformes et en dehors, tout l’enjeu pour les entreprises est d’intégrer ces nouveaux travailleurs avec succès. Les effectifs ne sont plus composés uniquement de salariés, la main d’œuvre est protéiforme. It’s time for the Total Workforce Management.
La plateforme Comet par exemple, recense plus de 5000 profils de freelances sur les métiers de développement & data, ceux pourtant cités parmi les plus “en pénurie”. Toptal, Gigster, Pangara et des dizaines d’autres en font autant.
L’entreprise doit devenir un écosystème où ce ne sont plus les statuts et les réglementations qui rassemblent mais les compétences. L’entreprise est le lieu (parfois sans être physique) où collaborent les individus qui mettent leur expertise au profit du développement d’un même produit. C’est l’occasion de mettre fin à la culture du présentéisme et de laisser place au mode projet et au management fondé sur la confiance.
Être freelance n’est plus discriminatoire
Je souhaite qu’être freelance dans dix ans ne soit pas discriminatoire.
En 2017 Malt a mené une étude auprès des freelances inscrits sur sa plateforme. Ils sont 90% à être indépendant par choix. Cependant ils sont 88% à déclarer que leur entourage s’inquiète pour eux et presque la totalité d’entre eux ne se sentent pas bien pris en considération dans le débat politique. “Tu es sûr que tu ne veux pas que je parle de toi à mon frère, sa boite recrute !” “Quand est-ce que tu vas trouver un vrai job ?”
Au-delà des clichés, qui sont déjà désagréables, les freelances sont également exclus d’une bonne partie des services dont le reste de la population n’a pas à s’inquiéter. L’accès à l’emprunt bancaire, la protection sociale, l’accès au logement.
Heureusement, certaines entreprises n’ont pas attendu que le cadre de la société évolue et que nos institutions prennent leurs responsabilités. Wemind, Shine, Mansa et une myriade d’autres acteurs facilitent le quotidien des freelances sur ces sujets de société.
Sortir de la Gig Economy
Je souhaite qu’il soit beaucoup plus simple de sortir de la Gig Economy grâce à des initiatives à la fois au niveau individuel, au niveau de l’entreprise et de nos d’institution.
La Gig Economy est rarement un choix, souvent une désillusion. Le défi est de donner une chance aux travailleuses et travailleurs de la Gig Economy d’en sortir en leur permettant de monter en compétences, tant sur la partie technique que sur la gestion de leur activité. Il s’agit de leur offrir une vision sur le long-terme pour qu’ils puissent envisager leur carrière et plus seulement le prochain gig.
Pour cela nous avons besoin de plus d’initiatives comme celle de OpenClassrooms qui a créé des formations gratuites aux travailleurs de la Gig Economy.
Du côté des Etats-Unis, début avril 2019, Google a fait une annonce qui est une première et marque le début de la prise en considération de ces travailleurs de la Gig Economy. Le géant a demandé aux agences de staffing avec lesquelles il travaille de payer au moins 15 dollars de l’heure les travailleurs de la gig economy qu’ils emploient et qu’ils perçoivent des benefits. C’est une décision marquante, car elle témoigne d’une reconnaissance de cette main-d’œuvre dont Google ne pourrait aujourd’hui plus se passer et qui a fait parler d’elle l’année précédente à travers les réclamations de la “Shadow Workforce”.
Ce n’est peut-être pas suffisant mais c’est un premier pas ! Espérons que les 10 prochaines années nous permettront d’aller beaucoup plus loin dans la protection et l’accompagnement de ces travailleurs.
Le compte social unique
Je souhaite plus de simplicité et d’égalité dans l’accès aux droits sociaux.
Le Compte Social Unique (CSU) est une idée développée par Denis Pennel dans son excellent livre Travail, la soif de liberté. Il présente ce que pourrait une application permettant de suivre en temps réel l’ensemble des droits sociaux acquis grâce à son temps de travail. Ici, tous les travaux seraient pris en compte peu importe le statut et le temps de travail. Il serait ensuite très simple de simuler la pension versée à sa retraite (débat pour le moins actuel), ses allocations chômage, ses droits à la formation …
A propos de la formation, j’espère que dans les 10 prochaines années, de plus en plus d’initiatives comme SkillsFuture seront lancées par les Etats. Il s’agit d’un mouvement national lancé à Singapour pour permettre à chacun de se former tout au long de sa vie peu importe ses acquis, il concerne tout le monde.
Conclusion
J’ai beaucoup d’autres souhaits concernant l’évolution du travail mais ils ne tiendraient pas dans cette newsletter.
J’espère sincèrement qu’en 2030 l’écart de salaire homme/femme sera passé de 19% à 0%, seul taux acceptable, que les discriminations à l’embauche soient de l’histoire ancienne, que d’ici là nous aurons testé à plus grande échelle et peut être mis en place une forme de revenu universel.
En bref, je rêve surtout qu’en 2030 le travail représente une oeuvre plus qu’un labeur pour une majorité de personnes et que l’on aura inventé de nombreux nouveaux métiers géniaux ! 🚧
Le contenu pour aller plus loin
L’excellent livre de Denis Pennel : Travail, la soif de liberté. J’ai surtout adoré les toutes premières pages où Denis nous dévoile ce à quoi pourrait ressembler le futur travail de son filleul Diego lorsqu’il travaillera. L’ouvrage se termine sur 25 propositions concrètes, un must read !
Ma première chronique d’expert co-écrite avec Charles Thomas pour la Harvard Business Review France : La Flash Organization est-elle l’avenir de l’entreprise ?
Fin 2019 j’ai listé mes lectures de l’année dans cet article, peut-être que cela vous donnera des idées. Et maintenant que je vous ai partagé les miennes, je suis très preneur de vos recommandations. 😄
En 2006, Elon Musk a dévoilé son “Secret Master Plan” qui détaille sa vision et ses objectifs pour Tesla. Dix ans après il avait vu juste, ses objectifs sont atteints !
Les 12 outils indispensables pour travailler en remote, par Buffer, une des entreprises full remote.
L’excellent et poignant article de Dayton Young sur le salaire minimum mis en place par Amazon.
Et voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. Et maintenant je compte sur vous, le futur du travail ça ne se construit pas tout seul ! 🤷♂️
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