Ce billet du futur arrive le 2 mars dans votre boîte mail mais en réalité le sujet du jour mûrit déjà depuis quelques mois. Aujourd’hui nous parlons de néo-syndicat pour les indépendants.
Bonne lecture,
Samuel
Le parrain du futur
Ce Billet du Futur est parrainé par Sayya. Sayya accompagne les entreprises qui ont l’ambition de développer une culture d’entreprise plus empathique, responsable et “apprenante”. Nous les aidons à initier des changements culturels, à développer des mentalités et des comportements résilients pour rendre leur organisation plus performante, agile et attractive.
En tant que spécialiste des soft skills et du potentiel humain, Sayya donne les moyens aux collaborateurs de mieux se connaître, d’agir en conscience, d’exploiter ses forces et surmonter ses faiblesses. L'expérience collaborateur et l'engagement en seront renforcés.
Vous avez dit néo-syndicat d’indépendants ?!
Drôle d’idée que d’associer le terme de syndicat à celui d’indépendant. C’était en tous cas ma première réaction tant le terme de syndicat est empreint de connotations historiques éloignées du freelancing : salariat, fordisme, Accords de Matignon…
Au contraire la vision naïve de l’indépendance renvoie plutôt à l’individualisme des travailleurs se concentrant sur leurs propres intérêts et incapables de se structurer en mouvement pour les défendre.
Pourtant la réalité est bien différente de l’image que l’on peut se faire de certains termes. En France les syndicats qui jadis remportaient des victoires historiques et décisives pour les travailleurs ont perdu de leur puissance.
Et les indépendants sont loin d’être individualistes bien au contraire ! Ils s’organisent déjà au sein de groupes, collectifs, communautés de toutes sortes et de toutes tailles ! Que ce soit autour des mêmes valeurs, d’un même lieu, d’un même produit, d’un même métier ou encore d’un même genre, les rassemblements de freelances ne manquent pas d’originalité.
Pourtant en France, jusqu’à aujourd’hui, aucun mouvement syndical n’a réussi à véritablement sortir du lot pour représenter les indépendants dans leur ensemble.
Lorsqu’au siècle dernier, les syndicats ont négocié de grandes avancées en terme de protection sociale, les freelances n’en ont pas fait partie. Pourquoi ? Parce que dans le combat qui opposait les patrons aux salariés, les indépendants étaient considérés comme des chefs d’entreprise. A l’époque, la majorité des indépendants étaient des agriculteurs et des commerçants dont les biens (la ferme, le potager, la boutique) constituaient le filet de sécurité, la protection sociale que n’avaient pas les salariés.
Aujourd’hui les indépendants ne sont plus majoritairement agriculteurs et n’ont pas les mêmes actifs. Ils ont besoin de se rassembler pour faire entendre leur voix et obtenir des avancées significatives dans bien des domaines dont la protection sociale.
C’est la raison pour laquelle j’étais très heureux et curieux lorsque Pauline m’a appelé pour participer aux réflexions concernant la formation de ce mouvement consacré aux indépendants.
Des exemples à l’étranger
Avant de vous présenter Indépendants.co, cap à l’étranger pour découvrir deux mouvements similaires ! C’est un peu la marque de fabrique de ce billet du futur et peut-être que quelques idées seront à piquer à nos amis américains et anglais.
Aux États-Unis la Freelancers Union compte plus de 490 000 membres, c’est le premier syndicat de freelances au monde, fondé en 1995. Ils accompagnent leurs membres sous différents aspects : en leur proposant une assurance santé, en organisant des événements dans les 25 plus grandes villes américaines grâce à un réseau local de freelances sous le nom de Spark. Ils mènent régulièrement des études, parfois en collaboration avec Upwork, créent du contenu à destination des freelances pour leur blog et offrent un espace de coworking gratuit à New York, la ville qui compte le plus de freelances des États-Unis, un demi-million.
En 2017, le syndicat a obtenu le passage d’une loi extrêmement bien accueillie par les freelances de New York : The Freelance isn’t free Law. Elle protège les indépendants des risques de non-paiement de la part des clients en définissant le versement des honoraires à 30 jours maximum, en les accompagnant dans la collecte de leur dû si besoin et en rendant l’utilisation d’un contrat obligatoire pour les missions de plus de 800 dollars.
Il s’agit d’une grande première, car l’État de New York a ainsi reconnu et réagi à un des premiers problèmes des freelances. Plusieurs freelances rencontrés à Chicago m’ont confié espérer que cette loi soit également votée dans l’Illinois et dans le reste des États-Unis tant elle envoie un signe fort en faveur des freelances.
Au Royaume-Uni, c’est l’IPSE qui représente les freelances, the Association of Independent Professionals and the Self Employed entend porter la voix d’un septième de la population qui est indépendante. Ils sont à la fois lobbyistes, conseillers pour les freelances et ont négocié des avantages pour leurs membres dans plusieurs services pour freelances, l’équivalent d’un CE. Ils mènent également un important travail de recherche sur les besoins et les motivations des indépendants qu’ils peuvent ensuite mettre en avant auprès des politiques. Une communauté de 75 000 indépendants devenue incontournable dans le paysage du travail indépendant.
Le mouvement est né
Il n’y a pas de raison que les freelances français restent sur la touche, à partir de maintenant ils sont représentés par Indépendants.co !
Le néo-syndicat prend la forme d’une association qui vise à fédérer les travailleurs indépendants et les collectifs pour faire entendre leur voix. Très concrètement vous pouvez d'ores et déjà donner votre avis en répondant au questionnaire, participer à des ateliers et prochainement prendre part à des actions collectives. Pour mieux comprendre les valeurs portées par le mouvement je vous invite à visionner la vidéo de lancement.
Je vous propose aussi de lire notre tribune parue dans Slate.fr dont je suis un des signataires. Voici un extrait que j’apprécie particulièrement.
“Nous sommes travailleurs indépendants. Nous sommes designers, consultants, rédacteurs, développeurs informatiques… Peu importe notre métier finalement, nous partageons une ambition commune : l'autonomie.”
Elle est également disponible sur change.org où vous pouvez la signer.
Dans deux jours, le 4 mars se tiendra la prochaine réunion publique à laquelle vous êtes conviés. Si vous préférez suivre l’actualité du mouvement sur les réseaux, voici les liens des comptes Facebook, LinkedIn et Twitter.
Personnellement je suis très enthousiaste en voyant les indépendants se rassembler sous une même bannière.
Aiguisez votre regard sur le sujet 👀
La tribune de lancement du néo-syndicat Indépendants.co.
L’article d’Usbek & Rica : Les syndicats aussi sont-ils en voie d’uberisation ?
Un court article paru le jour de l’entrée en vigueur du Freelance isn’t free law qui explique comment la loi protège les freelances.
News 🔥
J’ai discuté avec Alexis Minchella à l’occasion du 40e épisode de son podcast Tribu Indé. Nous avons parlé de mes premières aventures entrepreneuriales, du lancement de Going Freelance, nous avons décrypté plusieurs concepts de l’économie freelance et je lui ai révélé mes prochains projets ! Pour écouter l’épisode c’est par ici !🎤
Notre deuxième chronique d’experts avec Charles Thomas est parue dans la Harvard Business Review France. Nous nous intéressons à la façon dont les entreprises en full-remote créent et entretiennent leur culture.
La semaine passée j’ai beaucoup aimé l’interview de Nicolas Colin à l’occasion de la sortie de son livre : Un contrat social pour l'âge entrepreneurial.
Suite au sondage lancé la semaine dernière, vous avez été plusieurs à manifester votre envie de répondre et interagir avec le contenu de la newsletter. J’ai deux bonnes nouvelles ! 1) Depuis peu Substack autorise les commentaires sous les posts, vous pouvez désormais rebondir sur le sujet du jour et donner votre avis. 2) Je réfléchis à organiser des sessions de Q&A et de débats sous forme de threads, stay tuned !
Vous pouvez encore répondre au très court questionnaire (< 1mn), ça m’aide à construire le contenu des prochaines semaines. Merci à ceux qui ont déjà participé! 🙏🏻
Et voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. Et maintenant je compte sur vous, le futur du travail ça ne se construit pas tout seul ! 🤷♂️
Dîtes moi ce que vous en avez pensé et écrivez-moi si vous connaissez des initiatives géniales, qui mériteraient d’être mises en avant.
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