S’engager ou mourir
Billet du futur #56 : L’engagement des entreprises : pas un sursaut éthique mais une obligation économique
Bonjour à toutes et à tous,
Qu’est-ce que je peux vous souhaiter pour cette nouvelle année ? Des bons moments à partager déjà, du rire, de l’amour et surtout de vous lever heureuses et heureux chaque jour à l’idée de démarrer une nouvelle aventure !
J’avais envie de me pencher aujourd’hui sur l’engagement des entreprises avec un billet qui prend des allures de tribune. Je suis curieux d’avoir votre avis sur la question, par retour de mail ou en mp sur les réseaux.
Bonne lecture,
Sam
L’engagement des entreprises : pas de sursaut éthique
Quand une entreprise prend position, qu’est-ce qui différencie une initiative sincère portée par des convictions fortes d’un coup de com et enième washing ? Dans le fond ce qui compte c’est le résultat final.
Peu d’entreprises démarrent leurs activités en cherchant à s’engager sur des sujets de société, au départ il s’agit avant tout de gagner de l’argent pour payer les salaires à la fin du mois et atteindre les prochains objectifs. La plupart des entreprises obéissent à une logique friedmanienne cherchant à maximiser le profit pour le réinvestir et le distribuer.
“The social responsibility of business is to increase its profits” Milton Friedman
Et c’est bien normal ! La concurrence ne s’embarrasse pas de prise de position sur des sujets controversés ou sur des enjeux qui dépassent le strict cadre des produits et services proposés. C’est une course au profit, bien souvent décriée par celles et ceux qui n’y voient qu’une machine infernale destructrice, passant à côtés des sujets essentiels de notre époque. Les émissions de gaz à effet de serre, les inégalités salariales, les discriminations… ces sujets ont longtemps été vus comme des boulets à traîner, dont on essayait de ne pas trop parler ou que l’on minimisait pour rester concentrés sur la seule logique de profit.
Depuis quelques années, ces sujets deviennent incontournables au sein de la communication des entreprises, non pas parce qu’ils sont devenus stratégiques, mais pour une question d’image. C’est l’ère désormais bien connue du washing que l’on observe scandale après scandale.
Et si après le déni, et si après le “coup de com”, venait la sincérité ? Pas une sincérité liée à un changement du système de valeurs de l’entreprise ou à un sursaut éthique, mais une sincérité liée à une compréhension des attentes des individus.
Et si dans le fond, c’était cette course aux profits qui allait nous sauver et nous remettre sur de bons rails ? Et si, c’était l’économie de marché, la logique friedmanienne qui allait nous permettre de passer d’actions louables isolées et minoritaires, à une systématisation de l’engagement des organisations pour les causes les plus importantes de notre siècle ?
En matière d’engagement, il ne s’agit pas seulement de climat, d’égalité femme-homme, de diversité… nous pouvons étendre la réflexion à bien d’autres sujets qui dépassent le strict cadre de l’entreprise : la santé, la démocratie, le système judiciaire, les flux migratoires… bref tous ces enjeux de notre siècle. Pour parvenir au bout de ces causes, nous aurons besoin de pouvoir compter non seulement sur les individus, mais aussi sur les organisations qui les rassemblent.
Une nécessité économique
Je suis convaincu que dans les toutes prochaines années, pour leur survie économique, les entreprises vont s’engager sur ces sujets. D’abord sur ceux qui les touchent directement, mais plus encore, ceux sur lesquels les individus qui leurs permettent d’exister, attendent qu’elles s’engagent.
Très concrètement, déjà aujourd’hui et demain plus que jamais, nous n’irons pas travailler pour une entreprise qui ne s’engage pas pour les sujets qui comptent pour nous en tant que personne. Nous ne serons prêts à nous lever le matin et donner 7 ou 8 heures de notre temps, chaque jour, qu’en échange d’un sentiment d’utilité. Et celui-ci passera par des actions concrètes, des engagements qui iront au-delà d’un simple post sur les réseaux sociaux. Pour qu’une mission d’entreprise ait du sens, il faut qu’elle s’incarne à travers l’organisation, que chacun puisse se l’approprier à sa manière et s’y reconnaître d’une façon ou d’une autre.
Et au même moment, les consommateurs sortiront de cette dissonance cognitive qui dure depuis quelques années pour assumer pleinement leurs convictions dans leurs consommations. C’est déjà le cas aujourd’hui, les consommateurs épinglent les marques qui manquent d’éthique. A l’avenir, ils iront plus loin encore, mettant en péril la survie économique des organisations qui ne sauront pas s’engager. A qualité équivalente, je serais prêt à acheter plus cher un produit d’une marque qui prend position sur des sujets qui me sont chers, plutôt qu’une marque qui vend ses produits moins chers, mais dont je ne me reconnais pas dans l’éthique, ou pire, que je condamne.
Chris Miller, chargé de l’activisme chez Ben & Jerry’s avait mené une étude avec le groupe. Il en était ressorti qu’une personne qui partageait les prises de position de la marque était 4 fois plus loyale qu’un autre client. Concrètement, face à une promotion de leur concurrent Haagen-Dazs, les clients “engagés” de Ben & Jerry’s se jetaient quatre fois moins dessus que les clients “non engagés”.
Prenant en considération l’importance que les individus accordent aux engagements, qu’ils soient candidats ou clients, les entreprises vont ainsi s’adapter et s’engager. Elles ne le feront pas par convictions profondes sur ces différents sujets, mais par rationalité économique, dans une logique de profit, il en va de leur survie.
Dans le fond, ce n’est pas un problème que l’unique but d’une entreprise soit de faire de l’argent, c’est même formidable, à condition que nous, citoyens qui lisons ces lignes, fassions en sorte de conditionner la survie économique des entreprises à leurs engagements.
La contrainte comme moteur
L’immense majorité des projets de transformation sont motivés au départ par une contrainte, pas par altruisme. Le télétravail ne s’est pas répandu parce que les entreprises se sont rendus compte qu’il permettait une meilleure qualité de vie à celles et ceux qui pouvaient en bénéficier, il s’est répandu parce qu’au début de la crise il n’y avait aucune alternative. Et il continue de faire partie de nos vies parce qu’aujourd’hui les entreprises n’ont toujours pas d’alternative, sans une politique flexible à ce sujet, elles ne peuvent pas recruter.
Un projet de transformation, n’est donc pas initié de bon coeur, mais par nécessité économique avant tout, et je crois qu’il en va de même quant aux sujets sur lesquels les entreprises s’engagent aujourd’hui.
Le capitalisme se réinvente toujours. ;)
News 🔥
En 2021 j’ai été montrer le documentaire dans une vingtaine d’entreprises & écoles en France, à chaque fois nous avons pris le temps de parler futur du travail, d’être d’accord, pas d’accord, de découvrir et nous nourrir de nos idées respectives. C’est clairement pour ces moments-là que je fais des documentaires. Si la réflexion du film vous a plu et que vous souhaitez la développer en interne lors d’un temps fort, voici les différents formats qui s’y prêtent bien ! On se voit bientôt ?
Il est sorti juste avant Noël, le troisième et dernier vlog des coulisses de WIP2 est en ligne ! C’est le récit de notre aventure dans le Vermont, chez Ben & Jerry’s.
Cliquez, c’est chouette (bon, ça vous donnera peut être envie de manger une glace)
J’étais au siège de Randstad pour une discussion avec les jeunes alternants du groupe sur leur vision du travail.Et Sophie, qui termine en ce moment-même l’illustration de la Bande Dessinée était là pour mettre nos échanges en dessin. Le replay est disponible.
Documentaire 🎥
Avant la pause de Noël, nous avons enchaîné les journées de montage avec la team KÖM ! Et ça prend forme ! La structure commence à dessiner, on s’approche d’un rendu qui nous plaît sur le fond, il nous reste à le peaufiner, travailler la forme, les voix off et toutes les étapes de fin, mais on est sur la bonne voie.
Avant de se lancer dans le montage, c’est toujours une étape qui paraît immense, il y a tant à faire, puis une fois dedans les journées passent tellement vite, et être devant l’ordinateur pendant des heures à sélectionner les bonnes séquences, les placer un peu avant, un peu après, c’est peut-être ce que je préfère en fin de compte !
Tout ça pour vous dire que dans quelques semaines, le documentaire sera prêt ! L’avant-première aura lieu courant mars, et il sera mis en ligne dans la foulée.
Work in Progress 2 est un documentaire soutenu par SThree, Le MAIF Start up Club, Le Groupe BPCE, UKG et Freelance.com !
BD ✍️
Nous y sommes, les tous derniers coups de crayons sont en train d’être donnés en ce moment-même par Sophie.
C’était un sacré projet, démarré au début de l’été dernier, sur l’écriture ce n’était pas si long, mais le travail d’illustration est colossal. J’ai eu pas mal de temps de transport ces derniers jours, l’occasion de me plonger dans la centaine de pages de cette BD, et je réalise seulement à quel point c’est bien mieux que ce que j’imaginais quand le projet n’était qu’au stade de l’idée.
Il faudra patienter encore quelques mois avant de l’avoir entre les mains, sa sortie est prévue pour début mai !
Mais d’ici-là je travaille sur un grand concours dont je vous reparle très vite, avec à la clé : des sous et la découverte du métier de vos rêves.
La BD Work in Progress est soutenue par le Groupe Randstad France. Rendez-vous en 2022 pour sa sortie !
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Bonne journée ! 🌞