Bonjour à toutes et à tous ! J’ai écrit ce billet il y a quelques jours dans le train et ce ne doit pas être un hasard puisqu’il colle parfaitement à la thématique du jour : le nomadisme. 🗺️
Les réflexions de cette semaine sont directement inspirées de mes discussions avec Lauren Carey, digital nomade depuis plus de 5 ans, rencontrée la semaine passée à Amsterdam !
Bonne lecture,
Sam
Le “Work from anywhere” pris au pied de la lettre
Qui n’a jamais rêvé de passer l’année à voyager ? Passer l’hiver au chaud à Bali et le reste du temps à sillonner le monde ? Jusqu’à il y a une quinzaine d’années, ces expériences étaient réservées aux personnes partant pour une année sabbatique, mettant en pause leur vie professionnelle. Les personnes qui travaillaient en voyageant étaient extrêmement minoritaires car très peu de métiers pouvaient être effectués à distance.
Le concept de digital nomadisme a considérablement gagné en popularité à partir du moment où le développement des technologies a permis de libérer le travail de sa contrainte d’un lieu unique.
Le cloud, les outils de visioconférences, les messageries professionnelles, les outils de gestion de projets sont les avancées qui ont le plus contribué à l'avènement de ce mouvement de nomades, mais ils ne sont pas les seuls ! D’autres services du quotidien ont évolué de façon à toujours mieux prendre en compte les besoins des voyageurs : pensez aux banques (Revolut), aux assurances (SafetyWing), aux opérateurs téléphoniques (fini les hors-forfaits de plusieurs centaines d’euros!)
Au-delà des outils, c’est tout un écosystème qui s’est créé autour de cette communauté de digital nomades afin de répondre à leurs besoins.
Le site le plus populaire auprès des nomades est certainement Nomad List créé par le serial entrepreneur Pieter Levels : le site recense les meilleurs lieux pour vivre en tant que digital nomade à partir des données ajoutées par les nomades eux-mêmes. Ils prennent en compte la météo, la qualité de la connexion au wifi, le coût de la vie, la sécurité et des dizaines d’autres critères mis à jour quotidiennement. Ils peuvent également retrouver les membres de la communauté une fois sur place. De façon moins organisée, des dizaines de groupes sur Facebook permettent aux digital nomades de trouver des informations et rencontrer leurs semblables dans les différentes villes du monde.
Mieux encore, des retraites entre nomades permettent de se rassembler quelques semaines avec des personnes qui partagent le même quotidien pour visiter un endroit et se rencontrer. Certaines sont organisées comme des hackathons et participent même à la formation des travailleurs qui rejoignent ces groupes. Wifi Tribe, Hacker Paradise ou encore Nomad Cruise en sont quelques exemples. Les espaces de coliving s’inscrivent également dans cette vision du travail, le plus célèbre est peut-être Outsite.
Mais alors de quoi vivent ces nomades ? 💸
Selon Lauren qui a eu l’occasion de rencontrer des centaines de nomades au cours de ses 5 années sur les routes, les profils sont extrêmement variés. Certains sont freelances et entretiennent un carnet d’adresses à distance ou récupèrent des missions sur des plateformes en ligne. D’autres sont entrepreneurs et gèrent une activité en ligne. Une autre catégorie de travailleurs a émergé au cours des 10 dernières années et dont Lauren fait partie : les employés d’entreprises qui travaillent à distance.
Rodolphe Dutel est le fondateur de Remotive.io, un site qui propose des offres d’emploi en télétravail. En 2016 il a publié une première liste de 600 entreprises recrutant à distance, aujourd’hui, elles sont plus de 2500 ! D’autres plateformes de ce type proposent également des centaines d’offres d’emploi à distance : Remote OK, We Work Remotely ou la plus récente Je Remote.
Les métiers exécutés ne sont pas uniquement liés à la tech, le très bon documentaire Globe Workers de Welcome Originals met en scène une chef qui parcourt autant le monde que les cuisines.
Effet de mode ou mode de vie ?
Nous avons eu de la chance d’interviewer Lauren lors de son passage à Amsterdam, nous avions une fenêtre de quelques semaines seulement puisqu’elle visite environ une dizaine de pays par an. Les Pays-Bas sont le 51e pays dans lequel elle se rend depuis qu’elle a quitté les Etats-Unis, il y a 5 ans. Lauren ne se fixe pas un temps de passage précis pour chaque pays, parfois ce ne sera que deux semaines, à d’autres moments 2-3 mois. Elle se laisse porter par les opportunités : une amie à rejoindre, un événement auquel assister ou un pays qui semble récurrent dans ses discussions sont autant de prétextes pour découvrir une nouvelle contrée.
Est-ce un mode de vie soutenable à long terme ?
Pour la majorité des nomades, cette vie ne dure qu’un temps et ressemble plutôt à une année sabbatique, parfois travaillée. Il arrive un moment où l’excitation du voyage se perd et l’envie d’avoir a minima une base se fait sentir. C’est ce qui est en train d’arriver à Lauren en ce moment même, après 5 années autour du monde, elle souhaite ralentir le rythme. Elle restera nomade, mais cherche à se constituer une base dans une ville depuis laquelle elle pourra repartir mais aussi développer des relations de plus long terme que celles qu’elle entretient aujourd’hui. Elle apprécie désormais avoir une forme de routine, qu’elle fuyait auparavant.
Généralement, l’envie de ralentir le rythme et parfois même de fermer la parenthèse nomade se fait sentir lorsque l’on rencontre une personne avec laquelle on se projette, ou pour ceux qui voyagent déjà en couple, au moment où arrive le premier enfant.
Il existe des nomades qui ont adopté ce mode de vie depuis plus d’une dizaine d’années, qu’ils soient seuls, en couple ou même en famille et ne comptent pas s’arrêter, mais ils sont très minoritaires, la plupart n’adoptent ce fonctionnement que pour 1 à 2 ans. Pour Rodolphe Dutel, le nomadisme est une phase dans la vie, elle est faite pour passer. Mais rien n’empêche une personne qui se serait installée après quelques années sur les routes de redevenir nomade un moment donné.
Lauren remarque des similitudes dans la façon dont les nomades traversent la crise du COVID. En imposant un ralentissement du rythme avec le confinement, la pandémie a redonné à certains le goût de la routine. Lauren note que depuis quelques mois, ses amis nomades sont nombreux à chercher à s’installer pour de bon dans un pays ou au moins d’y établir une forme de base.
Au même moment, Lauren relève que pour ceux qui n’étaient pas nomades, le récent essor du télétravail pousse de nouveaux individus à tester ce mode de vie, pour l’instant seulement dans une zone géographique réduite par les restrictions mais demain peut-être à l’échelle du monde.
Les nouveaux outils et la flexibilité rendue possible dans certains métiers permettent de ne pas avoir à tout plaquer pour partir faire le tour du monde mais de conserver son activité et de travailler tout en voyageant. C’est avec cette vision que s’est développée Remote Year, une organisation qui propose de vous faire voyager pendant 1 an en prenant en compte tous les aspects logistiques afin que vous puissiez conserver votre travail.
Le digital nomadisme a permis de faire naître une nouvelle catégorie de voyageurs. Les nomades disposent de bien plus de temps pour découvrir un pays qu’un touriste en vacances qui ne se rendrait que dans les lieux les plus fréquentés. Le rythme est différent. En alliant travail et voyage, les nomades ont l’occasion de bien mieux s'imprégner de la culture locale.
Il faut en revanche faire attention à l’une des dérives possibles qui dépend des personnalités de chacun. En développant un riche écosystème de nomades, cette population contribue à renforcer la bulle qui les entoure et risque de se retrouver seulement avec elle-même sans rencontrer les locaux.
Signe que le nomadisme est une mouvance prise au sérieux, de plus en plus de pays proposent désormais des visas à destination des digital nomades ou sont en passe d’en créer un. C’est le cas d’Antigua-et-Barbuda ou du Costa Rica. L’Estonie qui proposait déjà l’e-résidence pour la création de sociétés a lancé en juin dernier un visa pour nomades. La Géorgie compte sur les nomades pour les aider à relancer l’économie et a également lancé ce visa sous le nom évocateur de “Remotely from Georgia” et la Croatie a annoncé le lancement de son visa réservé aux digital nomades pour 2021 !
Aiguisez votre regard sur le sujet 👀
Le livre Les nouveaux nomades du journaliste Maxime Brousse
Le média Nomade Path
Le documentaire Globe Workers de Welcome Originals
L’article The rise of “half-tourist” who combine work with a change of scene
News 🔥
Ces derniers jours, j’ai aimé lire Demain fera-t-on encore carrière ? l’entretien croisé de Laetitia Vitaud et Frank Ribuot dans Usbek & Rica ! Et cet article sur les collaborations entre startups et grands groupes dans Maddyness.
J’ai aussi aimé écouter le podcast Chef[fe] de Sophie Plumer sur ce qu’elle appelle le Management Positif.
Mes journées sont rythmées en ce moment par le documentaire uniquement, alors rendez-vous à la section juste en dessous pour les nouveautés !
Documentaire 🎥
Nous avons publié notre deuxième vlog ! 🔥 Il retrace les tournages avec Louise Racine dans le Vexin et avec Cecilia Tham à Barcelone. J’en profite pour vous partager le processus de création du documentaire et la façon dont je sélectionne les speakers. WATCH IT !
La semaine passée nous étions de nouveau en vadrouille avec l’équipe de KÖM ! D’abord à Amsterdam pour rencontrer la digital nomade Lauren Carey, vous pouvez la retrouver sur son Instagram Girlgoneabroad. Une seule journée de tournage mais très intense, elle nous a présentés à une amie nomade sur place et Flo et Guillaume ont pris des risques pour obtenir les meilleures images ! Rendez-vous sur notre Instagram pour découvrir les coulisses.
De retour à Paris, nous avons passé une journée avec Rodolphe Dutel ! Rodolphe est à mes yeux LA personne à suivre en Europe pour comprendre les enjeux du télétravail et pour cause, il a commencé sa carrière chez Google, il a accompagné le développement de la start up full-remote Buffer en tant que directeur des opérations et est désormais le fondateur du jobboard Remotive.io !
Bonne nouvelle ! 🍀 Dès jeudi, nous commencerons à publier les formats hors-séries sur notre chaîne YouTube. Il s’agit de conversations de 20-30mn avec des experts et professionnels sur leur vision du Future of Work, pour compléter le documentaire (et vous faire patienter héhé). Le premier épisode avec Frank Ribuot sort jeudi, abonnez-vous !
Work in Progress est un documentaire soutenu par SThree, Randstad, Le MAIF Start up Club, Natixis, comet et LittleBig Connection.
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Bonne journée ! 🌞