De l'espace de travail à la communauté
Billet du futur #6
Il y a deux semaines, nous nous intéressions à la façon dont le travail en remote se diffuse. Au sein de cette tendance, de nouveaux acteurs ont émergé ces dernières années, accompagnant la transformation du travail : les espaces de coworking.
Pour en avoir visité plusieurs dizaines, dans certains cas il ne s’agit ni plus ni moins que d’une salle avec des bureaux et des travailleurs côte à côte qui ne se parlent pas. En revanche, d’autres ont complètement repensé l’expérience de travail et sont de véritables communautés ! C’est de cette catégorie que nous allons parler !
Bonne lecture,
Samuel
Le parrain du futur
Ce Billet du Futur est parrainé par comet, la plateforme qui aide les organisations à se réinventer. Comet accompagne plus de 1000 clients et 80% des entreprises du CAC 40 dans leurs projets grâce à une communauté de 5000 experts tech, data et produit en freelance.
De l'espace de travail à la communauté
Le rapport Mission Coworking dénombre 1800 tiers-lieux en France en 2018. Dans les villes que j’ai visitées en 2019, ils sont parfois plusieurs centaines d’espaces de coworking accueillant à la fois des freelances, des entrepreneurs, des petites entreprises et de plus en plus les employés de grandes entreprises. San Francisco est la ville avec le plus d’espace de coworking par rapport au nombre d’habitants, ils sont plus de 450 pour moins d’un million d’habitants.
Ils sont des lieux de rencontres entre les travailleurs, parfois spécialisés sur un métier, un secteur, mais le plus souvent mixtes. Ce sont généralement des lieux attractifs dont le design a été pensé pour favoriser les interactions.
Pourtant ce n’est pas parce que l’on travaille à côté d’autres personnes que l’on va nouer des liens, certains espaces de coworking ont su créer des stratégies pour devenir des communautés.
Comment passer du simple espace de travail à une vibrionnante communauté ?
Ce sujet m’a beaucoup intéressé et je ne suis pas le seul puisque c’est aussi la question la plus posée sur le Slack mondial des gérants d’espaces de coworking.
Un regard dans le rétroviseur 📜
L’idée du coworking n’est pas nouvelle et selon une étude de la Harvard Business Review, de tels espaces de collaboration existaient déjà à la Renaissance sous le terme de bottega, des ateliers dans lesquels de jeunes artistes travaillaient ensemble en étant formés par des maîtres dans leur art. AU XVe siècle à Florence, vous auriez bien pu être le coworker de Léonard de Vinci et profiter du mentoring de Verrocchio.
S’interroger sur ses valeurs
Avant de créer une communauté, il convient de s’interroger sur son but, sur ses valeurs. Il faut se poser toute une série de questions qui permettent de dessiner les contours de la communauté. Quel type de membres voulons-nous attirer ? Quelle image voulons-nous renvoyer ? Quels sont nos objectifs dans un, deux, cinq ans ? Quelles sont nos valeurs fondatrices ? Et c’est à partir de ces valeurs que les règles de la communauté peuvent être définies, la façon dont les membres sont recrutés, les événements, les interactions et tout ce qui guide la vie en communauté. Le fonctionnement de la communauté au quotidien doit laisser transparaître ses valeurs.
Une nécessaire sélection à l’entrée 🚪
La sélection se fait souvent naturellement. Lors de la visite, le community builder explique clairement les valeurs de l’espace, l’esprit qui règne entre les membres et décrit le fonctionnement avec suffisamment de transparence que les visiteurs parviennent à se projeter. Ceux qui ne s’intégreraient pas bien dans l’espace ne cherchent pas à le rejoindre une fois la visite terminée, et le community builder de ce fait, refuse rarement des membres. Il s’agit d’une question de ressenti et de relation humaine qui se noue très rapidement.
Ce refus est cependant nécessaire pour le bien être de la communauté, il peut être judicieux dans ce cas de recommander aux visiteurs d’autres espaces dont la culture leur conviendrait mieux.
En France, les espaces La Cordée n'acceptent pas plus de 4 personnes de la même entreprise dans le même lieu afin de préserver une communauté active et ouverte. Le résultat est aux antipodes de ce que propose le géant Wework, l'expérience à La Cordée est chaleureuse et les membres sont souvent naturellement tournés vers les autres.
Valoriser les membres
Les liens entre les membres d’un même espace de coworking dépendent fortement du rôle de l’animateur, le community builder, le gérant de l’espace. C’est lui qui diffuse les valeurs, il est garant des bonnes pratiques et est porteur d’initiatives pour la communauté.
«Le rôle du community builder est moins d’organiser des événements que de créer un environnement propice à la prise d’initiatives communautaires. » Omar, community builder de Bespoke.
Omar met un point d’honneur à connaître personnellement chaque membre de son espace de coworking. Il passe du temps à échanger avec chacun d’entre eux ce qui permet de comprendre leurs besoins et de pouvoir mettre en place les services qui y répondent. Tous les community builder rencontrés ont le cœur sur la main, ils prennent du plaisir chaque jour à découvrir de nouvelles personnes et créer des liens. Leurs valeurs d’entraide et parfois de partage transparaissent dans les différentes actions qu’ils mettent en place.
Le community builder incite les membres qui le souhaitent à organiser leurs propres événements au sein de l’espace de coworking, gratuitement et à destination des autres membres et de l’extérieur.
De même pour l’espace MOB à Barcelone, Barbara sa gérante est persuadée qu’en chaque personne se cache un talent qui n’est pas forcément valorisé lors des activités professionnelles. Elle incite donc les membres à partager les leurs en leur donnant la possibilité de donner des cours de danse, de yoga ou de bien d’autres choses aux autres membres de l’espace.
Le rôle des champions 🏆
C’est à Chicago, au sein de l’espace Secondshift que Levi, le fondateur m’a partagé le rôle des champions. Les champions sont des personnes de la communauté qui sont motrices, soit elles vont faire, soit elles vont faire faire et superviser l’avancement.
Ce sont elles qui se chargent du bon fonctionnement de la communauté, de l’application de ses valeurs. Au départ les champions sont les fondateurs et au fur et à mesure que la communauté se développe, des champions émergent parmi les membres les plus impliqués de l’espace et prennent de plus en plus de responsabilités. Une des missions des champions est également de sélectionner de nouvelles propositions parmi celles qui leur sont soumises, au fur et à mesure de l’élargissement de la communauté. Les membres vont par exemple vouloir ajouter de nouvelles règles qui peuvent être aussi anodines qu’un nouveau type de musique diffusé ou plus importantes comme les règles d’entrées. Le rôle des champions est de déterminer si cette nouvelle règle peut être ajoutée au fonctionnement et si elle enrichit la communauté ou si elle n’est pas en accord avec les valeurs de départ.
Pour valoriser les membres, Levi a mis en place un mur des photos sur lequel chaque membre dispose de son portrait avec une courte présentation. Une rubrique décrit les compétences que la personne est prête à mettre au service des autres. C’est une excellente de façon de créer des interactions entre les membres puisque le premier réflexe de chacun est d’aller consulter le mur des photos pour découvrir si une des personnes de la communauté est susceptible de lui rendre service.
Son espace, Secondshift affiche complet et ne recrute presque pas de nouveaux membres. Ils n’envisagent pas actuellement d’ouvrir de nouveaux espaces mais plutôt de renforcer la communauté actuelle sans forcément croître dans un premier temps.
Faire vivre la communauté
Une fois que la communauté est créée il s’agit de la faire vivre, cela passe par des communications régulières, des moments de rencontres informels et d’autres plus professionnels, des temps forts et des événements ou encore de la veille de contenu. Pour se démarquer les espaces redoublent de créativité et proposent des expériences et des services de plus en plus variés ! (ce sera certainement l’objet d’un prochain billet)
Les recommandations pour aller plus loin
Zoom sur la visite de l’espace Bespoke à San Francisco.
La vidéo d’interview de Steve, CEO de Lifeworking Coworking dans la périphérie de Chicago. Il n’a pas misé sur le renforcement de sa communauté, au contraire il a tissé un puissant réseau externe à l’espace de coworking et c’est là toute la valeur de son espace ; la mise en relation entre les membres et les “partenaires”.
Plongez vous dans les espaces de coworking de la Renaissance avec cet article de la Harvard Business Review.
Et voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. Et maintenant je compte sur vous, le futur du travail ça ne se construit pas tout seul ! 🤷♂️
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