Dans le sixième billet du futur, nous nous étions penchés sur les meilleures pratiques mises en place par les espaces de coworking afin d’être plus qu’un simple espace de travail. A travers le rôle des champions, du community builder et des événements bien pensés pour dépasser le traditionnel happy hour de fin de semaine, certains ont su fédérer de véritables communautés.
Aujourd’hui nous allons un cran plus loin à la rencontre des espaces de travail devenus des écosystèmes.
Bonne lecture,
Samuel
PS : C’est déjà la dixième newsletter ! Pour ceux qui me suivent depuis peu, vous pouvez consulter juste ici l’ensemble des billets publiés, il suffit de scroller.
Le parrain du futur
Ce Billet du Futur est parrainé par Shine, le compte pro pensé pour les entrepreneurs et indépendants. Calcul des cotisations, gestion des factures, comptabilité… Shine est à la fois un compte pro et un copilote administratif, qui accompagne les freelances de la création de leur entreprise à la gestion quotidienne.
Pourquoi des poissons ? Réponse en fin de billet !
Optimiser les espaces
Chaque semaine en France et partout dans le monde de nouveaux espaces de coworking se créent. Le marché est certes juteux avec l’essor du télétravail mais quand certains lieux sont pleins à craquer et qu’au même moment d’autres sont presque vides, le bon sens voudrait que l’on essaye d’optimiser ces flux de travailleurs nomades plutôt que de créer de nouveaux espaces.
C’est ce qu’a choisi de faire Dave, le fondateur de Croissant. Cette application permet aux travailleurs de se rendre dans n’importe quel espace de coworking, en payant un abonnement fixe chaque mois. Concrètement, si vous vous déplacez souvent dans différents quartiers ou différentes villes vous pouvez localiser les espaces les plus proches de vous, les services proposés et vous y rendre simplement avec un check-in simplifié à l’extrême. L’app décomptera le nombre d’heures passées dans l’espace et vous payez un seul et même abonnement peu importe le prix des espaces dans lesquels vous vous rendez. 🥐
Le plus de l’application est le côté communautaire puisque vous pouvez voir dans chaque espace s’il y a déjà des utilisateurs de Croissant et leur profil avant de décider de le rejoindre.
En 4 années d’existence, l’application est présente dans plus de 70 villes et compte plus de 600 espaces inscrits. Le développement à Paris est assez récent et une quinzaine d’espaces sont déjà disponibles.
C’est typiquement le type d’application qui aide à démocratiser le travail en remote en mettant fin aux inconvénients de la recherche du bon espace de travail. Prochaine étape : séduire les entreprises, et c’est plutôt en bonne voie puisque Etsy et le New York Times sont déjà utilisateurs. L’application a un potentiel énorme auprès des entreprises en permettant de mettre en place une politique incitative au télétravail sans grands efforts pour le service des RH.
En attendant que Croissant se développe en France, je vous recommande de garder un œil sur Deskapad. Son fondateur, Archibald, a pour ambition d’accompagner les entreprises dans leurs usages des tiers-lieux. Une application c’est bien, mais des conseils et bonnes pratiques pour faciliter la transition c’est mieux ! Il est en train de construire un programme d’accompagnement sur-mesure pour permettre d’exploiter tout le potentiel du télétravail.
Le futur est dans l’écosystème
C’est aux Pays-Bas que j’ai rencontré la meilleure initiative sur le sujet, partons à la rencontre de Ronald, fondateur de Seats2meet.
En 2006 Ronald et son associé se font la réflexion qu’énormément de salles d'hôtels, de conférences et d’entreprises sont vides la plupart du temps. Ils décident de lancer un premier concept en invitant quelques freelances à travailler autour d’une table, gratuitement.
Au bout de quelques semaines ils agrandissent l’espace alloué aux freelances et décident même de leur offrir le déjeuner. Très rapidement ils sont débordés, plusieurs centaines de freelances affluent pour profiter de l’espace et du repas gratuit. Ils ont alors besoin d’augmenter le nombre de lieux et forts de cette communauté qui commence à se créer, ils réfléchissent à leur business model. (Il y a bien un moment donné où il faut gagner un peu de sous non ?)
Ils ne veulent pas arriver sur le marché avec un fonctionnement classique d’abonnement mensuel en échange d’un espace de travail. La force de leur concept réside dans les interactions entre les freelances, certains s’entraident, se donnent des conseils, d’autres collaborent, créent des entreprises. C’est tout un écosystème qui s’active chaque jour dans les espaces devenus lieux de rencontres.
Certains membres commencent à demander des espaces privés de temps en temps et la possibilité de louer une salle. Des entreprises s’intéressent alors à cet écosystème, souhaitent faire des “séminaires innovations” au contact de ces travailleurs et louer de grandes salles de réunion. Seats2meet fait alors le choix de faire payer pour avoir accès à un espace privé. Dès lors que les travailleurs s’isolent, souhaitent être coupés du reste de la communauté, ils ne créent plus de valeur par le biais de leurs interactions, il est légitime de les faire payer.
Aujourd’hui c’est une communauté de plus de 120.000 membres qui travaillent dans plus de 200 espaces. Les interactions ont donné naissance à une quarantaine de livres et autant d’entreprises au sein de l’écosystème Seats2meet.
Leur coup de maître réside surtout dans le système de Passeport qu’ils ont mis en place. Chaque personne dispose d’un Passeport sur lequel elle renseigne ses informations : son activité de la journée, l’heure à laquelle elle compte quitter l’espace, son domaine d’expertise, les sujets sur lesquels elle peut aider les autres membres. Un algorithme lui suggère alors des personnes dans les alentours, à rencontrer au sein de la communauté et différents contenus susceptibles de l’intéresser.
Mieux encore, si un des coworkers a besoin d’aide, plutôt que de poser une question sur une chaîne Slack, il interroge l’algorithme qui lui recommande trois personnes susceptibles d’apporter une réponse. Ces réponses aux questions permettent de positionner certains membres comme des experts dans un domaine donné et d’être identifiés comme tels par le reste de la communauté.
Les données collectées ne sont pas monétisées comme dans le cadre d’un réseau social, la data sert simplement à l’existence du concept, elle permet à l’innovation d’exister et de créer un écosystème d’espace de membres et de contenu mais elle n’est pas une source de revenu pour Seats2meet. A l’avenir, le Passeport sera connecté à une blockchain afin que la propriété légale des données puisse être établie et véritablement rendue à l’utilisateur.
Une initiative à intégrer en entreprise
Alors que les grandes entreprises lancent toutes leur “digital factory”, “innovation lab” et autres initiatives visant à améliorer l’innovation et la flexibilité, Seats2meet apparaît comme leur meilleur allié.
Les travailleurs qui composent l’écosystème Seats2meet sont freelances, étudiants, startuppers, ou PME et de tous âges. Les grandes entreprises qui ont souvent des salles vides peuvent tirer parti de ces espaces en accueillant gratuitement les membres de Seats2meet. Cela permettrait aux employés de côtoyer des personnes extérieures et de favoriser les échanges, peut-être même de faire naître des collaborations en les plongeant dans un nouvel environnement de travail. C’est de la pollinisation ! Pour prendre le contrepied des entreprises qui envoient leurs salariés travailler dans des espaces de coworking, l’organisation peut elle-même devenir ce lieu d'interactions.
Aiguisez votre regard sur le sujet 👀
Le Magazine Seats2meet : ce sont les actualités et les réflexions de la communauté. Si vous fouillez bien, vous devriez pouvoir retrouver l’article de notre passage avec TK.
“L’entreprise de demain est une plateforme.” C’est de cette façon-là que Frédéric Petitbon l’imagine dans un article pour l’ADN. Si le terme de plateforme n’est pas très sexy, j’aime bien l’idée qui se cache derrière : un écosystème régi par les compétences dans lequel interagissent les individus et communautés.
News 🔥
La semaine dernière était bien chargée entre deux jours à Paris et deux jours en montagne. C’est l’avantage de vivre à Grenoble : pouvoir alterner entre les moments d’effervescence et les moments de calme. Cette semaine le rythme sera à peu près le même, avec une belle conférence prévue à Paris.
Li Jin a publié sur le blog d’Andreesseen Horowitz un excellent article, toujours sur la Passion Economy. A-t-on vraiment besoin de milliers de fans pour vivre de sa passion ? La réponse est chiffrée et documentée dans l’article ! A ce sujet Benjamin Perrin prévoit de monétiser une partie de son contenu avec Plume With Attitude, il vous en parle sur son Twitter.
L’entreprise de demain est celle qui accueille en son sein tous les poissons sans distinction : d’eau douce, de mer, de banc, solitaires … 🐠
Et voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. Et maintenant je compte sur vous, le futur du travail ça ne se construit pas tout seul ! 🤷♂️
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