Le Future of Work pour tous
Billet du futur #41 : Pourquoi le FOW n’est pas réservé aux happy-few ?
Bonjour à toutes et à tous,
Cette édition m’a été inspirée par une question très pertinente posée par Manon, lectrice de la newsletter qui était présente à l’avant-première de Work in Progress à Bordeaux : Est-ce que le Future of Work ne serait pas réservé seulement aux happy-few? Est-ce qu’on ne serait pas dans une bulle ?
Au-delà de la réponse que j’ai pu apporter sur le moment, elle m’a fait cogiter ces derniers jours, et voilà le fruit de mes réflexions.
Bonne lecture,
Sam
Est-ce un luxe de pouvoir se poser la question du sens de son travail ? Le Future of Work est-il réservé à une minorité de personnes : diplômées, travaillant dans le secteur tertiaire, n’ayant besoin que d’un ordinateur et d’une connexion internet ?
La réponse immédiate semble être oui puisque le travail est avant tout alimentaire pour la plupart des individus, se poser la question du sens de son travail arrivera toujours après la nécessité de remplir son frigo. Dès lors, les personnes qui s’interrogent sur le sens de ce qu’elles font semblent toutes diplômées, occupent un travail n’étant pas reconnu comme pénible (il peut être vécu comme tel) et n’ont pas chaque mois à choisir entre se chauffer ou se nourrir. Et en particulier en ce moment, on a un peu envie de dire à celui ou celle qui se plaint de son travail : estime toi déjà heureux d’en avoir un !
Eh bien non ! N’en restons pas là, le Future of Work n’est pas réservé à quelques privilégiés bobos, c’est au contraire une formidable opportunité pour réduire les inégalités à différents niveaux. Le Future of Work est par définition grand ouvert à TOUS les individus !
Déjà, de quoi parle-t-on ?
Je définis le Future of Work comme un ensemble de processus, d’outils, de méthodes, de bonnes pratiques, de façons d’envisager le travail, qui permettent d’améliorer la performance et la qualité de vie au travail. Le Future of Work est déjà intégré par une minorité de personnes considérée comme “en avance sur son temps”, tout l’enjeu est de faire en sorte que cet ensemble d’éléments deviennent la norme pour tous.
Ainsi, le Future of Work rassemble aussi bien des outils, que des innovations managériales, des comportements, des règles…
La chute des barrières à l’entrée
Une des facettes du Future of Work dont on parle énormément depuis quelques mois est la Passion Economy, ou l’économie des créateurs.
Si c’est la première fois que vous lisez ces termes, je vous recommande cet article fondateur de Li Jin, et la vision d’Hugo Amsellem sur le sujet.
Internet a rendu l’accès à la connaissance quasi instantané et gratuit, qui que nous soyons et où que nous nous trouvions. Ainsi, les barrières à l’entrée de nombreux domaines sont tombées pour laisser une multitude d’individus s’emparer de sujets qu’ils souhaitent découvrir, maîtriser et peut-être creuser jusqu’à partager leur propre point de vue, créer du contenu et enrichir la connaissance humaine de leur vision.
N’importe qui peut créer, construire sa propre légitimité, être reconnu, rassembler une audience autour d’un sujet précis, les barrières ne sont plus de l’ordre du statut ou de la technologie, le seul frein au développement est une concurrence accrue et globale. Les réseaux sociaux comme Instagram, YouTube, Twitch, les plateformes comme Podia, Substack ou encore auparavant, tout simplement les blogs, ont permis à des personnes exclues par les instances traditionnelles de créer elles-mêmes leur propre légitimité et développer une activité pérenne.
J’écrivais dans mon billet : YouTuber : à l’avant-garde du travail de demain
“Dans le fond, le fonctionnement des YouTubers, révèle un nouveau modèle en matière de travail et de formation, beaucoup plus inclusif que le modèle traditionnel.
“Traditionnellement”, pour apprendre un métier on va en cours à la fac, dans une école, on fait des stages et on gravit les échelons pour faire carrière, et si l’on suit toutes ces étapes, il n’y a pas de raisons pour que l’on ne connaisse pas le succès.
Au contraire, dans le milieu de la création il n’y a pas d’école délivrant des diplômes de YouTuber, c’est un apprentissage qui se fait à l’épreuve du réel, chacun tentant de construire sa singularité, en autodidacte ou dans le meilleur des cas avec un mentor. Le succès, lui, n’est pas garanti, il dépend d’un ensemble de facteurs combinant la régularité, la capacité à imaginer des concepts novateurs, la capacité à mettre en avant son contenu et bien évidemment un peu de chance !”
Corentin Houssein a arrêté ses études à 17 ans pour développer son personnage de Gotaga, un choix qui lui a largement réussi.
Le talent avant tout
Le développement du télétravail, au-delà de l’amélioration du bien-être et des changements organisationnels et managériaux qu’il entraine, permet surtout de connecter des candidats et des entreprises qui n’auraient jamais pu collaborer dans le même bureau.
L’essor du télétravail permet de faire primer le talent sur toute autre considération lors de l’embauche et les talents n’ont plus à vivre dans un rayon de 50km autour du siège, ils peuvent se trouver à l’autre bout de la ville, du pays et même du monde !
C’est la même logique qui s’exprime à travers l’essor des indépendants. En recrutant un indépendant au sein d’une équipe hybride, les entreprises recherchent avant tout un talent, une expertise.
Pour beaucoup de métiers en tension, les diplômes ne sont plus regardés, c’est la capacité à trouver une solution à un problème donné qui prime et celle-ci se détecte en regardant les expériences passées, les projets personnels menés, les soft-skills, pas un bout de papier délivré des dizaines d’années auparavant.
J’étais il y a quelques mois au Vietnam où j’ai rencontré des développeurs, pour la plupart formés sur le tas, autodidactes, qui collaboraient avec de prestigieuses entreprises dont les sièges sont implantés en Europe. Ils étaient tous freelances, trouvaient des missions sur Pangara ou Upwork et gagnaient 5 à 10 fois le salaire moyen local tout en élargissant leurs palettes de compétences au fil des missions.
Peu importe où nous sommes nés, nous pouvons tous accéder à n’importe quel poste dans n’importe quelle entreprise, la connaissance pour se former est disponible de façon quasi gratuite en ligne et des milliers d’opportunités sont disponibles au sein d’organisations qui valorisent les talents avant les diplômes ou le lieu de travail.
Le Future of Work est par essence inclusif.
Le Future of Work, un état d’esprit
Le Future of Work ne se réduit pas aux nouvelles technologies et au télétravail, il s’agit au moins autant d’un état d’esprit progressiste, d’une envie sincère de faire du travail une activité épanouissante.
Beaucoup de métiers ne sont pas télétravaillables, et quelles sont les perspectives d’intégrer le Future of Work pour ceux qui travaillent sur une chaîne de production dans l’industrie ou dans une boulangerie ?
Pour tous ces métiers qui requièrent d’être dans un endroit bien défini, dont les tâches sont encadrés, et dont l’activité en elle-même n’est pas nécessairement épanouissante, c’est l’environnement dans lequel le travail s’effectue qui peut être vecteur de sens et il est de la responsabilité de l’entreprise de mettre en place à la fois un management qui reconnaisse la valeur du travail de chacun, qui apporte une forme de reconnaissance, qui mette tout en oeuvre pour réduire les éventuelles pénibilités du travail et laisse à chaque individu la possibilité d’exprimer son autonomie, sa responsabilité et peut-être même sa créativité.
Si un métier n’est pas passionnant en soit, c’est peut-être la mission dans laquelle celui-ci s’inscrit qui donne du sens : le fait de travailler pour un projet qui dépasse l’individu. Nous nous en sommes particulièrement rendu comptes l’année passée lors du premier confinement, les personnes travaillant dans la logistique, dans les soins, dans l’alimentaire ont été extrêmement précieuses et pour la première fois leur engagement a été reconnu à sa juste valeur et le monde entier a enfin posé ses yeux sur celles et ceux qui nous permettent de vivre au quotidien.
Il n’est pas de métier pour lequel un management fondé sur la confiance et la responsabilisation n’existe pas. Il est de notre responsabilité collective de faire une place à chacun au sein du Future of Work, peu importe comment nous interprétons le concept, la performance et la qualité de vie au travail peuvent toujours être améliorées.
Rassembler plutôt que diviser
Il n’y a pas d’un côté ceux qui “peuvent” se poser la question du sens dans leur travail et ceux ne “peuvent pas”. Nous avons tous besoin de sens, même lorsque le travail est avant tout alimentaire. Nous devons à chacun un environnement agréable qui nous corresponde, la reconnaissance pour notre travail, l’apprentissage et le développement de nos compétences.
Le Future of Work, qu’il soit envisagé sous l’angle des outils, de la façon de considérer le travail ou de l’organisation, représente une formidable opportunité d’inclusion pour intégrer toutes les personnes qui le souhaitent dans son sillage.
En 2021 (et depuis quelques années déjà) il est possible de travailler dans l’environnement qui nous convient, de s’identifier au travail à des codes qui nous correspondent et s’ils n’existent pas, c’est à nous de les inventer, nous avons toutes les cartes en main.
Les seules barrières restantes sont psychologiques et finiront par tomber !
News 🔥
Ces dernières semaines, j’étais à Lyon, Bordeaux et Paris pour les avant-premières de Work in Progress, l’occasion parfaite pour échanger en direct avec les spectateurs ayant fait le déplacement, c’était génial !
Dans chaque ville, nous en avons profité pour organiser une table ronde juste avant la projection, et celle de Paris a été filmée ! Le replay est disponible sur ce lien !
Photo : Antoine Boutet
Le documentaire est un excellent prétexte pour lancer des discussions autour du Future of Work, pour créer un débat, donner des idées et s’accompagne bien de table rondes et d’ateliers. Si vous avez envie d’organiser une projection privée au sein de votre organisation, écrivez-moi et montrons ensemble que l’on peut s’éclater au travail !
Je suis aussi passé dans le podcast de Paco : donner du sens à son travail pour mieux préparer la suite.
Documentaire 🎥
Nous y sommes presque ! Dans la prochaine édition du billet du futur, je vous annonce où et quand le documentaire sera disponible en ligne ! Le teasing va enfin prendre fin ! 🔥
Après un an de préparation et de production, place aux derniers éléments pour livrer les bonnes versions aux diffuseurs, et lancer la promotion qui va s’étaler pendant encore plusieurs mois.
Work in Progress est un documentaire soutenu par SThree, Randstad, Le MAIF Start up Club, Natixis, comet et LittleBig Connection.
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Bonne journée ! 🌞