Bonjour à toutes et à tous,
Alors que le premier ministre Jean Castex a réitéré le “quoi qu’il en coûte” lors de sa dernière allocution, je m’interroge aujourd’hui sur les raisons pour lesquelles nous avons envie de travailler.
La formule a d’abord été utilisée par le président Macron le jeudi 12 mars 2020 pour montrer la priorité de la lutte contre le virus. Le “quoi qu’il en coûte” a été repris ensuite pour afficher un soutien sans précédent aux entreprises à travers différentes mesures d’aides. Pour accompagner les restrictions en vigueur depuis presque un an maintenant, des milliards d’euros sont injectés et permettent à certaines activités de survivre tandis que leurs gérants et salariés attendent la réouverture.
Pourquoi être payé à ne rien faire n'est-il ni suffisant ni attrayant ?
Bonne lecture,
Sam
Le travail est alimentaire
Si elles sont inédites et peuvent paraître énormes, pour certaines personnes et certaines activités les aides mises en place sont parfaitement calibrées et permettent de passer une période difficile en remboursant les charges fixes. Pour d’autres en revanche, les montants débloqués ne permettent pas de subvenir aux charges qui restent trop élevées et chaque jour de fermeture représente d’abord une trésorerie qui fond et ensuite une dette qui s’amoncelle rapidement.
La raison numéro un pour laquelle nous souhaitons travailler est alimentaire, avant toute considération philosophique, il s’agit déjà de subvenir à ses besoins de base, de pouvoir se nourrir, se loger, se vêtir. En la matière, ce que nous considérons comme un minimum pour vivre dépend de chacun, de ses habitudes, de son train de vie et de ses charges.
Ce n’est qu’une fois que nous avons mis de côté une réserve et que nous avons confiance en nos capacités à générer des revenus pour les années à venir que l’on peut s’interroger sur le sens plus profond du travail. Sans vision de long terme, difficile de sortir de l’urgence de remplir son frigo.
Les témoignages d’étudiants en situation de précarité abondent, privés des petits boulots qui leur permettent de survivre en temps normal, ils se retrouvent dans des situations extrêmes.
Le travail comme source d’épanouissement
Une fois que nous avons dépassé ce minimum alimentaire, nous pouvons nous pencher sur les raisons pour lesquelles nous souhaitons le retour au travail. C’est à dire pour ce qu’il nous apporte en tant que personne, pour le sens qu’il donne à nos vies, l’épanouissement que nous pouvons en tirer. Ces sujets sont hautement personnels !
Pour certains, le plaisir au travail viendra de l’activité de production elle-même : l’écriture, la fabrication artisanale, la cuisine, le chant, la danse, le dessin, autant d'activités qui sont intrinsèquement sources de plaisir. C’est notamment le cas pour beaucoup de métiers liés à la culture et à la restauration qui sont le plus durement et le plus longtemps touchés.
Pour d’autres ce n’est pas nécessairement l’activité en tant que telle qui est source de plaisir mais plutôt le sentiment d’accomplissement qui découle de l’atteinte de ses objectifs. Le travail est comme un jeu dont le métier fixe les règles (les prérequis, les avantages, les façons de progresser) : atteindre X clients, atteindre X de chiffre d'affaires, développer tel produit ou tel service … Il n’y a pas de fin en soi dans ce jeu, pas de possibilité de gagner, mais les objectifs professionnels et opérationnels fixés sont autant de paliers à atteindre qui permettent “d’avancer dans le jeu du travail” et de générer un sentiment d’accomplissement.
L’épanouissement au travail peut aussi venir d’éléments extrinsèques : ce n’est pas nécessairement le travail en tant que production ou service qui est source de plaisir mais plutôt l’environnement dans lequel il permet d’évoluer. Le plaisir vient alors des rencontres qui sont faites, des personnes que l’on côtoie, des discussions que l’on entretient. Les relations professionnelles nouées deviennent rapidement personnelles, qu’il s’agisse d’amitié ou d’amour, nous ne sommes pas des robots : en passant des heures, entourés de nos semblables, nous nouons des relations humaines avant tout. Au-delà des liens créés, les lieux dans lesquels nous travaillons et les outils que nous utilisons participent à concevoir un environnement dans lequel nous nous épanouissons.
Certains métiers sont directement utiles à la société et ils ont enfin été mis sur le devant de la scène depuis mars 2020, il s’agit de tous les métiers de proximité : les métiers liés à la santé, aux soins, à l’éducation… et dont les professionnels peuvent tirer de la satisfaction simplement par la nature altruiste de leur activité.
Bien souvent, l’épanouissement ne vient pas seulement de l’un de ces moteurs mais de la combinaison de ces derniers à des degrés divers en fonction des individus. Et il en existe encore d’autres !
Si certains professionnels décident d’ouvrir clandestinement durant les périodes de restrictions ce n’est pas simplement par nécessité mais parce que l’envie de travailler est plus forte que la peur du virus et des sanctions. Coiffeurs, kinés, restaurateurs, boutiques de vêtements … Ils ont été plus nombreux qu’on ne l’imagine à allumer les lumières derrière les rideaux. Dans cet article du Monde, “Tonton Hakim” explique sa décision.
Les différents confinements agissent comme de puissants révélateurs, quelle qu’en soit l’issue.
Pour une partie de la population, ces périodes ont été un moment propice pour se poser des questions que l’on ne se pose pas le reste de l’année, par manque de temps de réflexion ou par déni assumé. Pour certains, le confinement aura été synonyme de prise de conscience, ils se sont rendu compte qu’ils exerçaient un bullshit job et ont entamé une transition. Pour d’autres, la majorité d’entre-nous, la prise de conscience n’aura pas été aussi radicale mais elle aura permis de se rendre compte d’ajustements que nous souhaitions mettre en place dans nos vies : adapter son lieu de travail, adapter l’organisation de ses journées, adapter ses interactions … Parfois de petits changements suffisent à réenchanter le quotidien professionnel sans avoir à tout plaquer pour recommencer à zéro.
Parfois, au contraire, les confinements auront permis de se rendre compte que l’on aime son travail, qu’il est source de plaisir au quotidien et qu’en réalité, une vie oisive ne nous satisfait pas pleinement. Quoi qu’il en soit, de nouveaux équilibres sont à trouver pour intégrer des façons nouvelles d’envisager le travail.
Aiguisez votre regard sur le sujet 👀
The day I became a millionaire : En 2006, DHH, cofondateur de Basecamp dont j’ai parlé dans le billet précédent, est devenu millionnaire. Il raconte dans cet article ce qu’il a ressenti à ce moment-là et pourquoi il a décidé de continuer à travailler.
News 🔥
Mon dernier article était pour Welcome To The Jungle, j’ai fait le point avec comet, Malt et le Collectif Cosme sur l’accélération du recours aux freelances par les entreprises en 2020 et les perspectives pour la suite.
Lorsqu’on me demande qui lire, qui suivre en tant que freelance débutant, je réponds toujours la même chose : écoutez le podcast d’Alexis Minchella et lisez le blog de Shine. Et ces deux-là se sont associés pour organiser les break indés, des mini-conférences de 15mn dans une dizaine de jours. Inscription gratuite ici.
Deux nouveaux épisodes hors-séries arrivent sur la chaîne de Work in Progress, abonnez-vous !
Toute mon énergie est consacrée à Work in Progress en ce moment, pour les news c’est dans la section juste en-dessous !
Documentaire 🎥
Vendredi dernier j’étais à Paris pour enregistrer la voix-off du documentaire, un exercice tout nouveau pour moi. Une expérience marrante mais pas facile : 6h en studio à répéter les phrases en boucles jusqu’à avoir l’intonation, le timing et l’accent parfait. Le résultat est chouette, ça change vraiment tout par rapport aux versions tests dont nous nous servions jusqu’à maintenant pour avancer sur le montage.
J’ai aussi passé un moment à fouiller dans les archives de l’INA pour illustrer certains passages, un régal. C’est fou à quel point notre quotidien et notre regard sur le travail ont évolué depuis le siècle passé. Si vous avez un moment, allez-faire un tour sur les journaux télévisés en noir et blanc d’il y a quelques décennies.
C’est la dernière ligne droite avec l’étalonnage et le mix son, d’ici une dizaine de jours le documentaire sera fin prêt !
Après quelques mois de teasing, Work in Progress va bientôt voir le jour !
L’incertitude planant sur les restrictions à venir, le calendrier risque d’être chamboulé mais voici les événements prévus :
Dans une dizaine de jours, nous allons nous rassembler avec les partenaires de Work in Progress pour réfléchir le temps d’une journée à la vision que nous portons du Future of Work dans l’entreprise et les façons dont nous pouvons y parvenir. Je rédigerai une newsletter dédiée à cette journée pour vous partager nos ateliers, nos réflexions et nos conclusions ! Le lendemain nous diffuserons pour la première fois le documentaire en comité très réduit à nos partenaires et quelques journalistes pour préparer sa sortie, à partir de fin février, début mars !
Si les conditions le permettent, nous aurons à ce moment-là (sinon nous les décalerons de quelques semaines) une série d’avant-premières en France et en Europe avec table-rondes et projections ! Les places seront limitées, je vous avertirai de leur disponibilité dans les prochaines semaines (Paris, Lyon, Bordeaux, Bruxelles, préparez-vous !) Bien d’autres villes seront ajoutées au fur et à mesure.
Ensuite Work in Progress sera disponible en ligne ! Nous échangeons avec différentes plateformes et serons fixés sur le premier diffuseur d’ici quelques semaines. Suspense !
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Work in Progress est un documentaire soutenu par SThree, Randstad, Le MAIF Start up Club, Natixis, comet et LittleBig Connection.
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Bonne journée ! 🌞
"POURQUOI" ou "POUR QUOI" voulons-nous travailler?
A lire ce bon billet on pourrait se demander si il y a des retraités heureux ;-)
Le travail quand il prend trop de place, quand il devient notre identité peut devenir dangereux en cas de perte d'emploi ou de départ en retraite.
Comment être épanoui au travail et dans le reste de sa vie revient pleinement d'actualité avec ces confinements successifs