Tu pars à 16h, t’as posé ton aprem?
Billet du futur #73 :La suède, un modèle d’équilibre, des immenses salles pour WIP et les prochains tournages !
Bonjour à toutes et à tous, aujourd’hui je vous invite à me rejoindre en Suède à la découverte d’un modèle d’équilibre de vie qui pourrait se résumer en un seul mot : Lagom.
Récit de quelques jours passés à Stockholm et ses environs dans le cadre du tournage de WIP#3.
Bonne lecture,
Sam
Ni trop, ni trop peu
Pour explorer notre rapport au temps de travail, j’avais forcément envie de passer un moment dans les pays scandinaves réputés pour respecter un équilibre pro-perso presque dogmatique. En faisant mes recherches cet été je suis tombé sur ce mot que je ne connaissais pas : Lagom.
Plus qu’un mot, c’est un concept difficile à traduire qui veut dire “ni trop, ni trop peu”, il ne s’applique pas qu’au travail. On peut faire la fête lagom, on peut demander à ce que quelqu’un nous remplisse un verre lagom.
Pour la petite histoire, la légende raconte que les Vikings avaient l’habitude de crier « Lag om! » quand ils buvaient chacun à leur tour dans le même pichet : il fallait prendre une gorgée lagom, pour que chaque convive autour de la table puisse en faire de même.
Appliqué au travail, ce concept appelle à trouver un équilibre entre les ressources, les efforts mobilisés et le résultat attendu. L’idée n’est pas d’en faire le moins possible, mais le minimum attendu qui suffira, point trop n’en faut !
C’est peut-être cette philosophie de vie, qui, appliquée au travail a permis de généraliser une forme d’équilibre dans l’approche du travail.
Plus concrètement, cet équilibre se manifeste par des journées plus courtes, elles démarrent généralement à 9h, et après une pause de 12h à 13h pour déjeuner, s’arrêtent vers 16h, parfois avant. J’ai été assez frappé de voir à l’heure du goûter les bureaux se vider et les rues se remplir de piétons et de vélos, sonnant la fin de la journée de travail et le début de la journée perso.
Il y a quelques années, un grand test avait été mis en place sur la journée de 6h, ça avait fait beaucoup de bruit mais la plupart des entreprises ne l’ont pas conservé à long terme. Toyota continue à ce rythme dans l’un des ateliers à Göteborg. En lisant les retours sur l’expérience, j’ai l’impression que ça avait été bénéfique principalement pour les métiers avec une certaine pénibilité et qui nécessitent d’être dans un lieu précis pour travailler.
Une autre des manières à travers laquelle cet équilibre pro-perso s’exprime est par la longueur des congés parentaux où il est courant pour les deux parents de s’arrêter jusqu’à 6 ou 12 mois à la naissance d’un enfant. Une très longue pause qui n’est pas vécue comme une pénalité professionnelle puisqu’elle est parfaitement intégrée dans le quotidien des entreprises.
La rencontre avec Anna
Je me suis principalement rendu à Stockholm pour rencontrer Anna Gullstrand. Elle a parfaitement incarné le discours que je recherchais, et bien plus encore. Il y a quelques mois elle était Chief People & Culture chez Mentimeter, une très belle start up. Quand le CEO s’est retiré de l’entreprise pour prendre 6 mois off à la naissance de son premier enfant, c’est elle qui a pris son poste.
C’est rare qu’un CEO de start up en hypercroissance s’arrête 6 mois, c’est encore plus rare qu’il cède sa place à une femme, et c’est un signal puis puissant encore lorsque la personne qui prend la tête de l’entreprise pendant cette période est dédiée depuis des années à la culture de l’entreprise.
J’ai eu l’occasion de visiter beaucoup de très belles boites qui rivalisent d’avantages et de “nice-to-have” pour attirer les talents, Mentimeter est certainement la boite qui m’a le plus impressionné. Oui ils ont des baby foot, des frigos à bière, des fêtes régulièrement, des offsite qui ont l’air dingues, mais au-delà de tout ça il y a une attention sincère portée à la culture de l’entreprise depuis plus de 10 ans.
J’ai eu le plaisir d’échanger longuement avec Anna et d’autres employés de Mentimeter pour me rendre compte que cette recherche permanente de l’équilibre pro-perso n’était pas uniquement une question d’éthique. L’entreprise y trouve évidemment son compte à encourager chacun à avoir un bon équilibre. L’idée derrière les journées plus courtes, les longues pauses est d’avoir des membres épanouis, en forme pour qu’ils soient productifs et créatifs. J’ai été étonné qu’Anna en parle si naturellement, ce n’est pas caché derrière des discours sur l’altruisme ou un rôle paternaliste de l’entreprise, la productivité des salariés est la motivation principale de cette recherche d’équilibre.
Si j’ai aimé la transparence sur le sujet, je me suis questionné sur l’exemplarité de ce modèle d’équilibre. Mais en fin de compte, peu importe les motivations qui sous-tendent le rythme proposé par l’entreprise, ce qui compte c’est l’expérience que vivent les membres qui se lèvent le matin pour elle. Qu’il s’agisse d’un élan paternaliste ou d’une volonté de maximiser la productivité de chacun, in fine les gens bénéficient tout de même de cet équilibre.
J’ai déjà beaucoup écrit sur notre rapport au temps de travail et celles et ceux qui me lisent depuis un moment sauront que la réduction de celui-ci n’est pas la vision que j’ai envie de défendre. Néanmoins ce modèle suédois a quelque chose de bon dans sa valorisation du smart work plutôt que du hard work, dans l’évitement des excès. Je vous partage ici ce billet “On n’a qu’une vie” écrit en mars dernier, un appel à abolir définitivement cette “frontière pro-perso”. Ce sera bien évidemment un des angles du prochain documentaire, parmi d’autres ! Ce nouvel opus devrait laisser plus de place aux contradictions que les précédents.
Je suis curieux de lire ce que vous pensez de ce sujet, cette franche séparation pro-perso vous fait envie ?
En dehors de l’interview nous avons eu le temps de visiter Stockholm et ses environs, profiter du soleil perçant à travers les feuillages des envoûtantes forêts et admirer les reflets de cabanes colorées dans les lacs et bras de mer. Un pays qui donne envie aux visiteurs de revenir !
News 🔥
La semaine dernière, nous avons fait une pause dans les tournages, on est aussi tributaires des dispos des différents speakers pour leur rendre visite. Mais s’il n’y avait pas de tournage, j’ai eu l’occasion d’enchaîner plusieurs projections autour de Why do we even work?
Les débats qui suivent la projection sont toujours aussi intéressants, mais il y a un truc qui change depuis la rentrée : la taille des salles ! On est passé à des grands amphis de +500 places 😬
Alors ça met un petit frisson avant de démarrer, puis on s’y fait, on prend goût et on a envie que la salle soit toujours plus grande pour diffuser ces réflexions 😍
Cette photo était au Futuroscope pour un séminaire de la Caisse des Dépôts, et la prochaine, ce sera où ? Par ici pour programmer une projection ensemble.
Cette semaine nous reprenons la route pour 4 jours de tournage intenses. Nous sommes aujourd’hui dans les Dolomites et bientôt au Royaume-Uni. Pour suivre toutes ces aventures, le mieux est de faire un saut sur Instagram. (Et les vlogs arrivent bientôt ! )
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Bonne journée ! 🌞