Bonjour à toutes et à tous !
Pour ce dernier billet de l’année, je me suis intéressé au sens des mots et à ce que révèle notre usage des conjonctions de coordination pour naviguer en 2020.
Bonne lecture,
Sam
Les conjonctions de coordination que nous utilisons au quotidien sans nous en rendre compte révèlent nos tempéraments. C’est en tous cas la vision développée par Marc Simoncini, entrepreneur et investisseur, pour différencier deux types de personnalités lorsqu’on lui présente un projet.
Face à une nouvelle idée, un entrepreneur aura certainement plein d’idées et aura recours à la conjonction “et” à foison. “Et si on ajoutait des ailes.” “Et si on proposait le recyclage intégré.” “Et si on le vendait aussi en Espagne.” …
Au contraire, un gestionnaire aura plutôt tendance à opposer des “mais”. “Mais la législation n’est pas favorable” “Mais c’est difficilement réalisable.” “Mais il faut recalculer les coûts.” …
Pour lancer et développer un projet à long terme, ces deux profils sont nécessaires, seulement ils n’interviennent pas au même moment.
Explorons les raisons pour lesquelles en 2020, il valait mieux dire “et” que “mais”.
Le “et” ne demande pas la permission
Celui qui dit “et” ne demande pas la permission. Il ne limite ni ses pensées ni ses actions aux conventions et à ce qui lui a été signifié comme autorisé ou a été précédemment désigné comme “la bonne chose à dire ou faire”.
Cette notion de rébellion est porteuse d’une vision de l’éducation et du travail plus inclusive. Elle est rendue possible par le développement de nouveaux outils qui s’affichent comme une alternative sérieuse aux institutions les plus traditionnelles.
La plupart des compétences techniques peuvent être apprises sur Internet puis reconnues par une communauté de professionnels, enrichies et transmises à de nouveaux étudiants et enfin monétisées. En 2020 plus que jamais, les projets menés remplacent les diplômes.
Nul besoin d’être diplômé des meilleures écoles pour accéder aux postes les plus convoités. Elles ne sont considérées comme les meilleures que parce qu’elles fondent leur politique de sélection sur l’exclusion !
Si l’on reprend la théorie du signal que l’économiste Michael Spence a appliqué à l’éducation : les diplômes sont surtout utiles pour témoigner d’un potentiel, d’une origine sociale et d’une maîtrise de certains codes, il s’agit d’un signal. En revanche, ils disent relativement peu de choses à propos du capital de connaissance de la personne. Un diplôme d’une grande école donne surtout des indications quant à la sélection à l’entrée : je savais écrire de belles dissertations en économie et philosophie et calculer des dérivées en mathématiques au moment où j’ai été sélectionné, aujourd’hui j’en serais bien incapable.
Aujourd’hui, Internet offrant la possibilité à chacun de mettre en avant ses compétences et projets menés, une personne talentueuse dans son domaine est rapidement détectée et suivie par des milliers d’individus. Partager son code, ses articles, ses vidéos ou ses créations artisanales permet de se positionner comme un expert d’un secteur donné sans avoir à demander la permission d’un quelconque établissement. En ce sens, il est possible d’à la fois disposer d’un important capital de connaissance mais aussi de créer et de renvoyer soi-même son propre signal au marché en misant seulement sur sa réputation et sa communauté.
Aujourd’hui, n’importe quel auteur peut écrire sur Medium, Substack, Revue, il n’existe aucune barrière à l’entrée de ce type de plateforme. Ce faisant, les auteurs qui démarrent en tant qu’amateurs se professionnalisent rapidement et rassemblent autour d’eux une communauté. Au bout de quelques mois ils sont suivis par des centaines voire des milliers de lecteurs, ils disposent d’un portfolio facilement accessible prouvant leurs compétences et peuvent même monétiser directement leur audience à partir de ces plateformes. Nul besoin d’envoyer des CV aux prestigieuses rédactions pour se tailler une place dans un poste convoité ou d’envoyer un manuscrit à une maison d’édition pour publier un livre. Chacun est libre de créer son propre cadre de travail en définissant ses thématiques, sa fréquence de publication et surtout, chacun est libre de développer un lien étroit avec son audience.
Le même schéma fonctionne pour un développeur qui partagerait son code sur Github, StackOverFlow, se forgerait une communauté et serait approché par des clients désireux de bénéficier d’une expertise reconnue.
La personne qui dit “et” ne demande pas la permission, elle fait, elle apprend, elle teste, elle s’entoure et construit librement sa légitimité.
En 2020 le “mais” est balayé
Les “mais” qui pouvaient être des freins avant la crise du COVID ont rapidement été balayés par un bien plus grand MAIS, l’ultime objection, celle qui remet en cause tous les petits “et” qui ont pu être proférés auparavant. Face à une crise d’une telle ampleur, que nous fassions partie de ceux qui disaient “et” ou de ceux qui disaient “mais” compte peu, nous nous retrouvons tous face à une incertitude et un nouveau monde qui nous dépasse largement.
Toute planification antérieure à 2020 n’a plus de sens à partir du moment où les cartes sont rebattues, le monde d’avant s’en est allé et aucun retour en arrière n’est à espérer.
En revanche, face à une telle incertitude nous ne pouvons plus nous arrêter à la moindre objection, il faut se relancer, s’adapter vite à des situations changeantes et innover. C’est dans ces moments-là que les personnes ayant tendances à dire “et” sont précieuses. Avec leurs 1000 idées à la seconde, elles sont capables d’accepter la frustration d’un projet qui tombe à l’eau pour immédiatement rebondir et pivoter.
La crise a eu le mérite de pousser chacun à se poser de vraies questions sur son quotidien.
A cette occasion, certains “mais” se sont transformés en “et”, les freins ont été levés au profit de nouveaux départs. C’est de cette façon qu’au début de la pandémie, la journaliste Polina Marinova décide de quitter son confortable poste de journaliste chez Fortune Magazine pour se consacrer exclusivement à sa newsletter payante sur Substack. Et les exemples sur d’autres verticales ne manquent pas !
Enfin, alors que le “mais” nous intime d’appuyer sur les freins et ne pointe que les obstacles, le “et” est porteur d’optimisme. C’est la conjonction de coordination de l’espoir qui trace la route vers un après, vers un futur meilleur et vers la notion de progrès.
Aiguisez votre regard sur le sujet 👀
La définition d’un créateur de contenu par Hugo Amsellem, à l’intersection entre : Rebellion, Leverage & Individuality (🇬🇧)
Un article écrit par Laetitia Vitaud en 2015 que j’adore : From Exclusive to Inclusive: A short story of History of Status.
News et Documentaire 🔥 🎥
Le temps ralentit sur cette fin d’année et j’en profite pour prendre une semaine entre les fêtes, à la montagne, avant d’attaquer la nouvelle année sur les chapeaux de roues.
J’espère que vous aussi avez de beaux moments à vous remémorer de cette année 2020, des plaisirs du quotidien, des nouveaux départs enthousiasmants, des rencontres, bref tout ce qui peut peser plus lourd dans la balance que le marasme ambiant. De mon côté j’ai passé une belle année et j’ai hâte de découvrir la suivante qui ne pourra être que meilleure !
Dernière chose avant de passer aux news : le 6 janvier dernier, j’écrivais mes voeux pour le travail à l’horizon de la décennie. J’ai relu ce billet il y a quelques jours et c’est fou de se rendre compte à quel point les prédictions ont été accélérées de plusieurs années avec la crise du COVID. On a vraiment gagné entre 3 et 5 ans sur un tas de sujets de transformations du travail.
Nous avons publié un nouvel épisode de nos formats hors-série, avec Julien Clouet, CEO de LittleBig Connection !
Comment aider les petites structures à travailler avec les grandes ? Comment la crise accélère la transformation vers l'entreprise étendue ? LittleBig Connection a été nommée parmi les 10 start up avec la plus forte croissance de 2019, comment se structurer en interne pour suivre le rythme et nourrir cette forte croissance ?
Nous avons tourné l’avant-dernière interview avec Yoann Lopez, fondateur de Snowball, il représente l’économie des créateurs ! En moins d’un an, Yoann a rassemblé +7000 abonnés à sa newsletter dont +1200 premiums, ce qui correspond à +80k de revenus annuels l’incitant à transformer son side project en activité principale.
Le dernier tournage aura lieu tout début janvier, après moult péripéties, l’interview qui aurait dû se dérouler à San Francisco, puis à Copenhague, se fera finalement sur Zoom ! Pour le coup, il a fallu dire “et” et s’accrocher pour maintenir les tournages ! Vous avez une idée de qui ça peut bien être ?
En parallèle, la post production avance très bien et nous avons une V1 de teaser, le jour où je l’ai vu pour la première fois, j’en ai eu le sourire aux oreilles jusqu’au soir ! 😍Le teaser sortira dans le courant du mois de janvier, et le documentaire dans les semaines suivantes.
Work in Progress est un documentaire soutenu par SThree, Randstad, Le MAIF Start up Club, Natixis, comet et LittleBig Connection.
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Bonne journée et belles fêtes de fin d’année ! 🌞